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Show ioit d'intelligence , viendrait auprés de lui, pour ne pasrefier auprésd'une femme, quin'a. voit pour toute regle qu'une damnable poht1que, La Reine mere qui avoit des efpions partout, & particulierement dans la Maifon de ce Prince, dont la complexion amoureufe ne lui permettoit pas de cacher rien à fes MaitrelÏes , ut bientot avertie des delicins de l'Amiral ; c'eft pourquoi pourallerau-devant, elle fit deux chofes , l‘une d'em êcher que le Roi de Navarre ne fit ce que l'Am1ral fouhaitoit, l'autre de feindre que c'étoit de bonne foi qu‘elle vouloit fe convertir. L'Amiral nonobflant toutes les lumieres donna dans ce paneau, & comme il ne pouvoir rien arriver de plus avantageux ?! fon parti , non-fculement ll fouhaita que cela fut , mais il crut encore que cela étoit (elon la coutume des gens qui croient aife- ment ce qu'ils defirent. Ï)'ailleurs cette Prin- cefTe pour le lui faire encore mieux accroire, le traita fi favorablement en toutes chofes , que chacun y fut trompé comme lui. mécontentemens du premier, & de jetter de la défiance de ce Prince , dans l'efprit des deux autres. Cela ne lui fut pas difficile , elle fit dire à ceux-ci, ue ce Prince n'avoit jamais eu deil‘ein d'embra er la Reforme, &ques‘il avoit feint d'entrer dansleur parti, ce n'étoitqueparce qu'il avoit crû y trouver les avantages : que maintenant qu'il étoit défait des Guifes , qui lui faifoient ombre à la Cour, il n'y fongeoit plus, & qu'ils n'avoient qu'à le prefer pour VCit‘ ce qui en étoit. Elle faifoit tenir un autre difcours àcelui-là, & le voici: que l‘Amiral neluivou- loit faire changer de Religion , que pour le fer\'ir de fon nom , pendant qu‘il retiendroit toute l'autorité entre fes mains: qu'il lui étoit aile de voir comment les Eglilës, qui commençoient à fe former , le reconnoillbient déja pour leur chef, ne s‘adr‘€fiant plus qu'à lui , quand elles avoient befoin de quelque chofe. S'il vouloir qu‘un homme , qui étoit fi fort awdefl‘ous de lui , s'attribuât ce qui lui étoit dû ; que cependant , Quand bien même il en uferoit tout d'une autre façon, il ne trouveroit pas tant davantage qu‘on diroit bien à le croire; que le parti qu'il lui ot- Il obtint"…- tesles gracesqu'il demanda ; & comme elles n‘alloient qu'au bien des Reformés, cette Princell€ envoia des ordres dans les Provinces en leur faveur. Les Guifes croiant que tout cela c't01î de bonne foi , firent plufieurs plaintes , aum- bîen que le Conne'rable , & le Maréchal de Ÿf0Îf, étoit dangereux, qu'il s'agifloit de chan- genie Religion, chofe odieufe au peuple , qui Cr<_,ioit être dans le bon chemin , & à qui par ft>nlèqr1cnt il ne pourroit jamais faire goûter cette 35ti_on, quoi qu'on luipût dire: qu‘il étoit bien …! que quelques-uns avoientdêja faitle mcm€ 5" André , qui agiflbient toûjours tous …" l‘lS , mais que le nombre étoit petit à propor- ce mon .; mere feroit bien attrape'e aprés cela , & que tel qui demeuroit auprés d'elle, parce qu‘on les cro. dé , & à l‘Amiral , elle tâcha d'augmenter les _;}.. _,v) marche , pour fairela même chofe; quelaReine Ce fut alors que la Reine mere crut être au: defius de fes efperances , car n'ayant plus af. faire qu'au Roi de Navarre, au Prince de Con- ‘IC_ n'auroir pas plutôt fait ce pas-la , que tout le Ro. iaume fe déclareroit pour lui : qu'il y avoit un million d‘ames qui n'attendoient que cette de'. Cour. («J‘ que de laReligion Reformée, lui remontrantqu'il foit point de raifon , ils le retirerent tous de la , "» condefcendre , fçavoir de faire profeffion publi. GASPARD DE COLIGNY. 237 L1v.1V; de concert. Mais comme elle ne leur en fai- . -- «aæuî-"firpqu - L A V I E D E Lw. IV. 236 regner feulement ; il preffa le Roi de Navarre fur une chofc àquoi il nel'avoit jamais pû faire |