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Show * 114 LE JOtIRNA L gnée. La manière dont on faigne parmi le* Indiens cft finguJiere. Le malade s'atTied tout nud fur une pierre au milieu de la rivière, Ce-juv qui le doit faigner fe met vis-à-vis, & luy décoche fort vite avec un petit arc fur toutes les parties du corps un nombre infini dç iléches faites exprès, & taillées de forte qu'ej. les n'entrent pas fort avant dans la chair, Lors qu'une veine eft percée 5 & que le fan© fort goûte à goûte 3 alors c'eft une grande joye dans toute Taffemblée, & chacun fe met à (auter. Wafer voyant cette femme préparée pour une fi ridicule cérémonie , s'offrit à la faigner > comme Ton faigne en Europe ; & en ayant obtenu la permifTion, il la faigna en effet fans beaucoup de façon. Lacent* crut fa femme morte , parce qu'il voyoit (on fang couler > & peu s'en fallut que dans fa colère il ne tuât le Chirurgien. Le fucca juftifia l'opération, & appaifa Lacenta. Wafer fut regardé comme vn prodige ; & Ton eut beaucoup de confédération pour fa per-fonne & pour fon art ; ce Chef des Indiens l'eût infailliblement retenu auprès de luy, mais le Chirurgien fur le prétexte de luy amener des chiens Anglois pour la chafle; & après s'y être obligé par ferment, obtint la per-miffion de s'en retourner en Europe. Pendant tout ce temps-là, il demeura comme un Indien, nud & peint de différentes couleurs. Dans l'inquiétude où il étoit il confulta de prétendus Magiciens, qui luy prédirent fort |