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Show 28 MANUEL C0MPLET maisons particulates et donnent des representations theatrales oil les attitudes les plus licen-cieuses et les plus indecentes ressemblent beaucoup a la chica et aux anciennes bouffouneries. Plusieurs danses grecques et romaines peuvent etrecomparees a la chica et au fandango, et surtout celles qu'on executait, vers le declin de l'art, chez les deux nations, quand il devint naturelle-ment un objet de mepris parmi les hommes de gout et de morale. Je suis presque porte a croire que la chica doit son origine a quelque danse ancienne. La Grece, si fertile en productions de toute espece , et qui donna naissance a Socrate et a Diogene , a Pho-cion et a Alcibiade, a Homere et a Aristophane, a Agoracrites (43), a Cleophane (44), a Callipil des (45), tous de talens extraordinaires, mais si opposes, la Grece est, je le pense, la nation qui a le plus probablement cree cette danse voluptueuse. La danse de l'angrismene, dansee ordi-naircment aux fetes en l'honneur de Venus, et encore tres communement parmi les Grecs mo-dernes, vient & l'appui de m o n opinion. L'ANGRISMENE. L'angrismene ou lafdche'e se danse par deux personnes de sexe different. Une jeune fille pa-rait en dansant (la musique joue un languissant andantino) ; a la fin de cette danse, un jeune h o m m e se presente; il joue autour d'elle avec un mouchoir, et s'efforce de l'approcher; mais, par ses mouvemens et sa contenance, elle exprime son dedain et son mepris, et s'enfuit. L'amant montre beaucoup de chagrin de se voir ainsi traite, et accuse le sort de son malheur. Cependant, il avance DE LA DANSE. $Q encore vers l'objet de son amour, et s'efforce de lui inspirer de la compassion ; mais la jeune fille orgueilleuse de ses avantages , le repousse de nouveau, et lui defend de parler de son amour. En m e m e temps, les pas et les mouvemens des danseurs sont en harmonie avec la musique, et expriment avec precision les sentimens de la 'colere etceux de l'amour. Enfin, le jeune homme, se voyant traite si inhumainement, tremble de fureur, et ne saat a quoi se resoudre; puis, apres peu de temps , il se decide a adopter la violence. Elle lui jette alors un coup d'ceil menacant et severe. II devient sans mouvement, soupire et semble s'abandonner au desespoir. II leve les yeux, et prie le ciel de mettre fin a son existence : alors, attachant son mouchoir autour de sa gorge, il le tire tres fort, et parait sur le point de tomber. La fille court aussitot pour le soutenir, et deplore sa rigueur inutile. Elle de-noue le mouchoir, appclle son amant, et s'efforce de toute maniere de le ranimer; il revient par degres, la voix languissante de sa maitresse* frappe son oreille, il regarde autour de lui, se trouve dans ses bras, et son bonheur est com-plet. L'amour unit alors les cceurs des deux amans, et ils se jurent mutuellement une fide-lite eternelle. Leur danse reprend de nouveau sa vivacite primitive, et devientl'interprete de leurs sentimens reciproques. |