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Show IOO MANUEL COMPLET lion et dans Pintrigue pour en serrer le nceud d'incidens et d'obstacles, il est plus difficile encore d'arriver a un denouement heureux et mat-tendu; les plus grands genies y ont quelquefois echoue ; temoins Moliere et Goidoni. Diderot a done raison d'accuser comme il le fait le plus grand nombre des auteurs dramatiques. Shakspcare est souvent aussi ddectueux dans ses denouement; la fin d'Othello manque de sens, et ne produit que de l'horreur (4). L'auteur doit conduire gra-duellementlesspectateurs, jusqu'a la catastrophe, par des voies inconnues, qui excitent continueile-ment l'interet a mesure qu'elles se development. Enfin , il surprend par la force des sensations, qu'elles soient du genre doux ou du genre terrible, suivant que le sujet le comporte. Une imagination fertile, dirigec par l'etude des bons auteurs et surtout par celle de la nature, donnera facilement les moyens de produire l'cffct ne'eessaire. Ainsi, l'approche et le complement de la catastrophe ne peuvent etre trop medites par l'etude profonde de quelques productions dramatiques sublimes, telles que Y Oreste d'Alfieri. Le plan et la conduile de cette piece, avec son denouement, sont des modeJes de Part dramaliquc; l'interet marchc et s'acroit graduelicmcnt jusqu'a cc que le poete frappe l'auditoire d'etonncment par une catastrophe aussi terrible qu'inattendue. Meditez continueJleinent un tel modele, et je ne connais rien dans les temps modernes de plus classique et de plus correct que les tragedies du Sophocle de lTtalie. Le denouement, dit Marmontel, pour etre inattendu , doit provenir de moyens incertains qui conduisent a une conclusion inevitable. Le sort des personnages enveloppcs dans le nceud 1 DE LA DANSE. l6l ou Pintrigue de la piece est, pendant le cours de Paction, semblable a celui d'un vaisseau battu de la tempete, qui enfin s'cngloulit dans un horrible naufrage ou surgit heureusement au port: tel doit etre un denouement. CHAPITRE IY. UNITES. Tous les beaux-arts ont quelque unite d'ob-jet, source du plaisir qu'ils douuent a l'esprit ; ear 1'attention partagee ne se repose nulle part, et quand deux objets nous occupeut, c'est uue preuve qu'aucun des deux ne nous satisfait. (J.-J. ROUSSEAU.) AFIN que le plan et la conduite des ceuvres dramatiques paraissent naturds et probables, et que rien dans Pintrigue n'y soit etranger, il faut que les sentimens y soient exac^lement ce qu'ils doivent etre, ainsi que les passions; on a elabli les unites d'action, de lieu et de temps, coin me des qualites essentielles a un ouvrage dra-matique, et cette loi a ete etablie par le gout et ie jugement. INoverre desire que le ballet ne soit pas sou-mis a cette regie des trois unites; mais en consi-derant les progres de Part de la danse, nous nous rangeons a un avis qui nous semble preferable a celui de cet artiste celebre ; cependant nous sommes d'accord avec lui pour une certaine classe d'ouvrages que nous noterons dans le cours de ce livre. L'intrigue des pieces grecqucs est trop sim- |