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Show 23a MANUEL COMPLET Le barde avonien, Shakspeare, reussit souvent dans ce melange de comedie et de tragedie; il manie avec aisance le pinceau d Eschyle et ja plume de Moliere pour representer avec un egal talent le sublime et le comique. Si Deuba (Ce_ lebre litterateur italien), et quelques autres avaient pris la peine de l'observer, ils se seraient epargne des critiques injustes sur le celehre poete anglais. II faut le repetcr, le choix de la decoration et du sujet exigent du discernement. La theorie des mauvais compositeurs, qui, sans gout et sans genie, veulent en imposer a la multitude par du fracas et du clinquant, est la meme que celle de ces faiseurs qui s'imaginent que tout ce qui est dans la nature produit de Peffet au theatre-et pourvu qu'ils eveillent quelque emotion et fassent couler quelques larmes , ils s'inquietent Eeu des moyens qui leur servent a atteindre ce ut. Ce nouveau systeme poetique parait avoir ete cree par quelques ecrivains allemands. Jepre-fere les provcrbes dramatiques de Carmontelle a toutes ces secousscs extravagantes et sans but utile; au moins une moralite plaisante et utile ressort de ces provcrbes pour amuser Pesprit. Pendant que nous sommes en train de dis-courir sur les differens styles, il ne sera pas hors de propos de dire quelque chose du romanlique, dont les productions, quelles qu'elles soient, peuvent etre utiles au compositeur , en jetant de la variete dans ses ouvrages. U n fragment de M. Chaussard , relatif a ce sujet, peut servir d'introduction a nos observations. « Les sectateurs du romantiquc, dit-il, decla-rent que Pimagination seule est Paine de la poesie. Les classiques, de leur cote , mettent en DE LA UANSi;. 2^ avant comme un principe , qUe la raison , una a Pimagination , est Pessence de la poesie. Chacun ensuite tire de sa these les consequences sui-vantes : les premiers, que les ecarts et le delire de l'imagination constituent les beautes du style romantiquc, ce que les autres n'admcttent qu'avec cette restriction, que la raison n'en soit pas choquee. II suit de la que le systeme romanlique conduit droit a la folie et a Pabsurdite, tandis que le systeme classique guide vers la raison iiberale et eclairee; laissant encore a l'imagination son brillant essor, et la guidant seulement par la raison pour Pempecner de s'egarer. « Laissant aux faits a decider la question, nous nous rangerous a votre opinion, disent Its classiques, quand votre ecole romautique aura produit un Homere ou un Arioste; Homere a su allier la profondeur du raisonnement a Pardeur d'une vive imagination, et la naive simplicite de PArioste recele la sagesse. Quand nous venons a reflechir sur les consequences forcees de Pappa-rition du fantome romanlique, car je ne frliis me decider a appeler cela un style , nous sommes surpris en quelque sorte du resultat, car c'est celui du retour retrograde a la barbaric En un mot, toutes les horreurs des temps feodaux, toutes les superstitions du treizieme siecle, et les legendes des autos sacramentales de Calde-ron (29), sont les materiaux et les elemens essen-tiels deces compositions depravees, ceuvres ema-neesde cette tenebreuse conspiration dont le but est d'iinposer a Pesprit humain des fers que la raison a si hcureusement brisesr « Enfin, devclopper Pimagination, suivant le systeme des roinantiques, c'est accorder foi |