Manuel complet de la danse : comprenant la théorie, la pratique et l'histoire de cet art depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours : à l'usage des amateurs et des professeurs

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382 MANUEL COMPLET les plus aonnans dont Part soit capable. C'est dans Popera que le pouvoir enchanteur de la musique est le plus parfait. C est la que la mu­sique doit peindre chaque circonstance, qUe les sensations qu'elle produit en nous par ses sons doivent etre parfaitement analogues aux objets que nous avons devant les yeux , et qui sont alors imites par Part de la musique; et afin que de telles imitations soient parfaites et produisent un eiFet'veritable, le poete et le musicien doivent s'entendre parfaitement, et de telle maniere que ce qui est dans Pimagination de Tun puisse par Part de l'autre nous etre exactement rendu en melodie. Us dependent Pun de l'autre, et le meme sentiment doit les guider. Quand la poesie est faible et sans expression, la musique doit aussi manquer d'ame et d'energie. II est tres dif­ficile d'obtenir cette union si desirable de talens. Quand le compositeur est accouple avec un poete mediocre, il s'efforce, pour eviter la disgrace qui menace le poete, de Driller sans l'aide de ce qui devrait seul Pinspirer. O n ne peut blamer le musicien de ne pas se mettre a 1'unisson d'un miserable rimeur; mais il eut ete digne de louan^e d'eviter une association dont les ceuvres ne pourront jamais etre qu imparfaites et ine-gales. Combien souvent entend-on repeter s « La musique est bonne, mais les paroles sont insi-gnifiantcs! » La musique devrait « se maricr a des vers immortels » ; mais quand le manage est mai assorti, les consequences sont egalement maiheureuses pour tous les deux; le merite de la partie qui est bien disparait dans la medio-crite de l'autre. Quand des vers intrinseque-nient bons sont unis a une musique presque sans faute, c'est alors « un couple beni. » Si le DE LA DANSE. 3&3 musicien doit etre prudent dans le choix du poete, le maitre de ballets doit agir de la meme maniere s il veut eviter une chute. Le musicien doit continuellement soumettre son talent a exprimer le sens des paroles ou l'action pour laquelle il compose , ce qui donne toujours un caractere interessant a ses productions. 11 y a entre lui et le poete une espece d'assaut amical, a qui peinclra le mieux les sensations du senti­ment et de la passion ; et le resultat heureux sera une production purement dramatique, au lieu d'une composition de concert. Quand le com­positeur de ballet donne ses intentions au mu­sicien, ce dernier doit le considerer comme son poete, et agir en consequence. Dans les ceuvres des grands maitres de PItalie , on peut trouver des modeles de ce qui est verilablement beau : Jomclli, Sarti, Buranello, Sacchini, Guglielmi, Piccini, Paesiello et Cimarosa en ofl'rent la preuve a ceux qui voudront les etudier; ils ont toujours marque la distinction du style eleve au style comique; ils ont observe strictement le rang, les roles , les noms des personnages qu'ils avaient a faire agir et chanter : ils dessinent lec­tion dramatique, et donnent a tout une teinte locale. De telles productions fonthonneur a Part, et ont acquis ii leurs auteurs une celebrite mcri-tee. La musique a ses Sophocle, ses Euripide, ses Menandre et ses Moliere. Le style des com­positeurs que nous avons cites est si pur, si doux, siexpressif, que lors meme qu'il s'est ecoule un laps considerable de temps sans avoir entendu l'execution de leurs ceuvres, leurs airs revien-nent facilement et avec delices a la memoire; tant il est difficile d'en effacer l'impression des qu'on Pa une fois ressentie, et l'on ne peut donner