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Show I 9 6 MANUEL COMPLF.T a sa maniere de developper les passions. Quelle a sa manieie: uc exis[e e n t r e lfj dissemblance, pai exen p , raetere d'Achille et celui de Cesai J entre AcnUle et Parrs < Le caractere et la condurte de Mahomet ^ont 1 oppose de ceux de Trajan. Quelle immense difference entre les personnages de Philippe et di hitiuiei dc~YJfrique sont dune auire nature que ceux de Y Europe. L'dlucation, les manieres, U conduite et les actes d'un villageois , d un simple bourgeois, sont essentiellement differens de eux d'un roi ou d'un heros. Ces marques de distinction sont celles qu'Aristote nomine costume, et qu'il recommande a l'etude de chaque acteur dramatique : Observez, connaissez, imitez la nature. (DELILLE. ) Les personnages doivent contraster entre eux; s'il y a une Clarisse , sa bonte et sa vertu doivent contraster avec les vices d'un Jjovelace. La conduite de Britannicus comble d'iufamie celle de Ne'ron. La continence d'Hippolyle est en opposition avec les passions effrenees de Phedre, et dans le roman de Fielding, Pinfamie de Blifil sert a nous faire aimer Jones. Tous les personnages dramatiques doivent etre saillans ; chacun de leurs traits doit nous frapper immediatement et de maniere a etre parfaitementsaisie. Plus le contraste est fort, plus Pceil en doit saisir les traits. Un personnage tranquille et inaclif parle peu, et n'a que quelques particularites; mais des que ce personnage s'emeut, il prend une existence et developpe ses qualites inherentes. Ovide, dans Pune de ses descriptions animees, nous presente «4pA.&.-*«_ K M >wa*' *• 1>K LA DANSE. 107 une image frappante a Pappui de cette assertion. H L'Envie sommeille dans son repaire , plongee dans la solitude ; ses serpens, ne trouvant aucun objet pour assouvir leur cole re , s'engourdissent dans une torpeur immobile : soudain Minerve parait, et PEnvie donne sur-le-champ des signes de vie et d'agitation ; un poison mortei fermente dans son cceur, et des feux livides jaillissent de ses yeux. Les serpens autour de sa tete etendent leurs dards et sifflent, attendant le moment de repandre leur venin. » Le sens allegorique de ce passage peut s'appliquer au theatre : « Voulez-vous introduire un envieux, il suffit de le mettre en contact avec la vertu pour qu'il montre sur-le-champ sa hideuse difformite. U n assemblage de personnages differens donne du relief a tous; ainsi le misanthrope est amoureux d'une coquette ; taudis que le glorieux a un pere indigent et cache sans qu'il le presume. L'integrite de Severe , dans Polieucte trompe la politique soupconneuse de Felix. » ( D E CHABANON.) Dans les personnages de Racine, nous aime-rions a trouver plus de variete, et la^neme re-marque peut s'appliquer a Alfieri et a Metastase \ ces grands poetes , en s'altachant trop chacun a leur style particulier, nese sont pas apercus qo'ils employaient les memes materiaux pour decrire des caracteres totalement opposes. Voltaire etait sur ses gardes a cet egard , et il tombe rare-ment dans la m e m e faute ; il varie a la fois et ses personnages ct ses incidens. Corneille peut etre appele le Michel-Ange du drame , il est sublime et vrai comme nature. Shakspeare excelle souvent a varier et a marquer les traits de ses personnages ; mais ses dessins d'apres nature ne sont pas toujours acheves et d'une verite historique |