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Show 244 MANUEL COMPLET de leur aide fragile. Ces confidens, enfui, ne doivent jamais paraitre que lorsqu ils sont abs0. lument necessaires au plan de 1 action. On peut reprochcr trop d'uniformite au, intrigues de Racine et de Metastase. Ces defauts clans le premier sont dus au style passionne au-quel son genie le portait, et dans le second ils sont dus a sa complaisance a se conformer tr0p servilement aux desirs du musicien, qui exige iine action couforme a ses inspirations. Metastase est un des plus grands poetes philosophes qui aient jamais existe ; il a orne des graces de la poesie les plus utiles et les plus importantes verites-profondement verse dans les secrets du cceur humain , il a peint les passions et les homines des couleurs les plus frappantes : toujours dirige par la nature, il est, comme die, vrai, elegant noble et sublime; aucun ecrivain dramatique n'a fait preuve d'autant de ressources. Ii avait aussi Pavautage d'ecrire dans une langue la pluscon-venable de toutes les langues modernes* pour la poesie. M. Schlegel, dans une de ses critiques inexplicables , affirme qu'on ne trouve dans Metastase rien qui frappe l'imagination , et qu'on ne lit Alfieri enltalie que parce qu'il est de lamode de l'etudier. Ce critique n'a fait que parcourir les ceuvres deces deux grands ecrivains, ou bien il n'a qu'une faible connaissance de la langue des auteurs qu'il soumeta de semblables observations: c'est un defaut impardonnable chez un critique, car on ne peut alors se former une opinion saine sur les productions du genie. Dans tout pays oil le gout et la nature sont apprecies , les tragedies d'Alfieri seront toujours a la mode et de bon ton, et les ceuvres de Metastase seront toujours ad-inirees partout oil les sciences fleuriront. 1>E LA DANSE. J2L HA ') Comment se fait-il que M. Schlegel, avec toutes ses connaissances, tout son grand talent, ait oublie de parler du genie de Moliere et de celui de Gol-doni, et de la perfection de Y Aminta ? une maladie de vapeurs occasionnee par l'etude des roman-tiques , peut seule Pavoir jete dansde telles omissions. 11 veut que la Grece , la France et Pltalie le cedent a PAngleterre et a l'Espagne en ceuvres dramatiques. Ce coryphee du romantisme cite une scene de Popera de Baoul de Cre'qui comme un chef-d'ceuvre d'effet theatral et comme un modele de tragedie et de comedie pour tous les ecrivains francais. Sa penetration d'esprit , vraiment extraordinaire , Pa conduit a faire Pe-loge des operas de Nina et de Bichard Cceur-de- Lion, et a passer sous silence toutes les autres productions d'une excellence reconnue. Le critique allemand n'a pas meme epargne les faiseurs de vaudevilles, car il cite la miserable piece ap-pelee le De'sespoir de Jocrisse comme la seule piece remarquable. De telles critiques sont tres nuisibles a de jeunes talens, et Pon y doit faire tres peu d'attention. Zeno fut un des restaurateurs du theatre italien ; et il a servi de modele a Metastase : sa maniere est savante , fibre et pleine de feu. II traite les passions en maitre ; il y fait un appel constant et eveille l'interet. II sera"it a souhaiter que quelques unes de ses pieces fussent moins chargees d'incidens, car ils y sont quelquefois si multiplies qu'ils detournent Pattention de Paction princi-pale. La pompe du style est remarquable dans ses ceuvres, elle est toujours variee et toujours dramatique; son dialogue est bien adapte au sujet : enfin on pent le regarder comme le Jules * |