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Show 3g8 MANUEL COMPLET hors nature. II fut un temps oil les auteurs, s'efforcant d'imiter le langage et de peindre les mceurs° et les passions des heros de la Grece et de Rome, semblaient ou tolerer, ou ne pas sentir le ridicule et la folie des acteurs qui repre-sentaient Auguste, Germanicus, Achille ou Alexandre en habits de cour du siecle de Louis X I V ou de Louis X V . Les chanteurs et les danseurs, dans le meme temps, representaient les divinites celestes et les heros de chevalerie sous le costume le plus extravagant. Ces bizar-reries, et la declamation sans gout des acteurs tragiques, etaient egalement applaudies; ces absurdites d'ailleurs etaient parfaitement analogues, et semblent se soutenir l'une l'autre Clairon fut la premiere qui s'efforca de bannir du theatre ce mode ridicule de costume, en se revetant d'habits convenables au personnage quelle representait; Lekain et Chasse soutinrent cette correction du costume theatral, et Talma la porta a la perfection. Garrick, Kemble et mademoiselle Siddons lirent pour le theatre anglais ce que Clairon , Lekain , Chasse et Talma avaient fait pour le theatre francais. Maximilien Gardel fut le premier qui dansa au theatre sans masque, et secoua les entraves dans lesquelles Pignorance et le prejuge avaient long-temps retenu Part de la danse ; Dauberval et P. Gardel suivirent ses pas, et adopterent un costume convenable et naturel. U n grand nombre d'acteurs s'imaginent qu'en representant des heros ou d'autres personnages illustres par leurs talens, leurs vertus ou leurs exploits, il est necessaire de forcer la voix et de gesticuler avec vehemence, pour donner une idee de la grandeur du personnage dont ils I)E L* DANSE. 3qn jouent le r61e; ils semblent eroire que parce Z ces homines s eievaient au-dessus L autres, ^ U par leur genie, soit par leurs hauls fails', i devaient aussi sortir des habitudes de la vie humaine dans leur maniere d'agir et de parler Plusieurs pantomimes partagent cette fausse opi' mon, et c est un devoir imperieux pour le maitre de ballets, de corriger, s'il le peut, une telle erreur de conception partout ou il decouvre. II est impossible qu'un heros de la fable ou de 1 histoire puisse etre reconnu des spectateurs par le moyen de gestes exageres. Les jeunes mimes doivent se garder d'imiter ceux qui semblent s'etre modeles sur cet ancien acteur, qui, jouant le role d'Agamemnon, montait sur des echasses afin de donner une idee du roi des rois; incapable de representer la grandeur & Agamemnon autrement que par une taille gi-gantesque. Les rois et les heros ne sont que des hommes; ils sont sujets aux memes passions que les pauvres mortels; seulement 1'education et le' rang les rendent un peu differens des autres hommes, soit dans les gestes, soit dans le langage ; leur nature est la meme que la notre, elle peut varier, mais elle ne change jamais. Talma et les meilleurs tragiques anglais out prouve la verite de cette assertion. Ce n'est ni de l'exage-ration ni de la bouffissure qu'il faut au theatre, mais des gestes suffisamment energiques pour exprimer la passion du moment aux spectateurs eloignes; et encore faut-il en meme temps que le bon gout en restreigne assez la vehemence pour qu'elle ne semble pas extravagante aux spectateurs qui sontle plus pres; l'acteur devrait |