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Show 388 MANUEL COMPLET mine riche ; mais il faut du jugement pour l'ex-ploiter : les airs devraient etre mieux disposes qu'ils ne Pont ete par le compositeur, qui n'a pas travaille aussi bien en philosophe qu'en musicien. Quand le maitre de ballets fait choix d'un passage qu'il croit convenable pour accompagner sa pantomime, il ne doit pas toujours se laisser gouverner par la maniere dont il est cncadre; car souvent un air qui est completement expres-sif dans les emotions serieuses, a ete cousu a des paroles d'un caractere comique; et reciproque-ment un air joyeux a ete intercale dans une tragedie. J'ai connu un artiste qui faisait sans s'en douter la critique la plus amere de cette confusion de style. II prenait quelques unes des plus belles parties d'un opera comique, et les encadrait dans un ballet serieux, tandis qua un ballet comique il attachait une infinite d'airs d'operas tragiques du meme compositeur. Le choreographe etait justement applaudi pour son discernement dans cette intercalation. Les anciens etaient particulierement soigneux de conserver Paccord de la musique et de la danse, et ils exigeaient que l'analogie la plus parfaite eut toujours lieu entre ces deux arts. Le rhythme de la musique reglait les attitudes de la danse, et des Aristarques dirigeaient cbaque geste de pantomime; le style et l'expression de la musique etaient exactement adaptes au caractere de la piece, et leur bon gout etait en consequence clairement deploye dans les imitations les plus parfaites de la nature. La musique de la danse devrait toujours elre spirituelle, fine, cadencee et entrainante ; celle de la pantomime, procedant plus directement dune sensation in- * D E LA DANSE. 389 ni 'son rl* ,eV'tUe d u n c o l°™ ™ * * »m- 5 5 T Cha"gei"e«t de style et depression doit corresponds exactement au changement de sensations Telle etait la nature du systeme musical etabli parmi les Grecs et les Remains Iguana la melodie et l'harmonie, conservant chacune leur propre sphere , deviennent les or-ganes hdeles des sentimens du cceur, la musique doit etendre sur nous son empire puissant et dehcieux. Le but du maitre de ballets devrait etre, comme celm du peintre, de donner une image parfaite de la nature; il doit se considerer comme un miroir uniquement destine a reflechir avec la plus grande fidelite les images qui viennent s'y retracer. L'illusion de la scene doit etre assez parfaite pour donner Papparence de la realite a tout ce qui s'y passe pendant la duree de la representation. U n tableau ou un ballet ne peut etre repute parfait qu'autant que Part qui l'a produit est si bien mis de cote, que la nature seule y soit admiree; l'art doit etre inapercu , et son plus grand triomphe est de se cacher lui* meme. Quand les artistes de la fin du dix-septieme et du commencement du dix-huitieme siecle substituerent dans leurs compositions une affectation fausse et manieree a la simplicite, la confusion a la clarte, laffeterie a la grace, la monstruosite a la grandeur, le ridicule au sublime , Part perdit ses attraits, et les hommes de gout ne purent Pimiter plus long-temps. Ces artistes n'epargnerent aucune peine pour rendre leurs tableaux agreables par la vivacite , Peclat et la variete des couleurs. A cet effet, ils ornaient leurs dessins d'or ct d'argeat, de |