OCR Text |
Show 242 MANUEL COMPLET lant qu'il embellissait du charme d'une erudition universelle, il etait en position d enrichir le theatre de productions a la fois varices et natu-relies. Des choses de peu d'apparence deviennent souvent d'une grande valeur dans les mains d'un homme de genie. L'on a vu quel immense profit des artistes de talent ont tire de simples fresques d'Herculanum etdes bas-reliefs uses par le temps, du Parthenon. Le torse du Belveder a servi de modele a une foule de peintres et de sculpteurs, et ce reste precieux de l'antiquite a forme une ecole. II y a d'ailleurs des hommes de grand talent qui, apres avoir adopte un style, en ont change pour en prendre un autre. O n petit citer entre autres Annibal Carrache, qui, apres avoir etudie Raphael ? Michel-Ange, Titien, Correge et les antiques, s'est cree un style a lui qui Pa rendu immortel. II en est de meme en Jittcrature: Theophraste, l'eleve d'Aristote, prit un autre style que celui de son maitre. Menandre, apres avoir etudie les caracteres de Theophraste, pro-duisit les comedies les plus parfaites de l'antiquite ; ces comedies, qui servirent de modeles Si Terence, furent imitees par Moliere, qui, suivant a son tour l'exemple des autres grands genies, se fraya une route nouvelle, et devint un auteur original du premier ordre. (36) Les tragedies de Corneille, le pere de l'art dramatique en France, sont pleincs de beautes tragiques et poetiques, mais Pintrigue eu est souvent defeclueuse. II faut done l'examiner avec soin , afin de ne pas se laisscr entrainer par 1'enthousiasme du poete. II est quelquefois SLID E LA DANSE. 243 blime et souvent original; mais ses pieces n'ont pas toujours un but moral, et s ecartent en meme temps de certaines regies theatrales. L'auteur de Cinna, Bodogune, Polyeucte, le Cid, rempli du feu de la poesie et cloue d'un genie exalte , se crea lui-meme un nouveau style. II semble dedaigner de se soumettre a quelques unes des lois prescrites par les legislateurs du theatre. Quelques uns de ses modeles sont em-pruntes d'une nation dont le gout et le caractere etaient les plus conformes a sa maniere particu-iiere. Le drame espagnol a Phonneur d'avoir fourni les materiaux de quelques unes des productions principales du Sophocle francais. Les pieces espagnoles, pendant un certain temps, furent bien reeues en France, et les ecrivains dramatiques les' imiterent prompteraent. Les representations de* Pheroisme des Maures, avec leurs aventures extraordinaires, secondees par le fracas des decorations, attiraient et amusaient le public. Racine porta la tragedie a la perfection; il etait parfaitement verse dans Part theatnul; la conduite de plusieurs de ses pieces est admirable : c'est un maitre qu'on ne saurait trop etudier. II est toujours vrai, interessant et pathetique ; rien dans lui n'interrompt les progres de Paction. Malheureusement pourtaut, ces personnages parasites nommes confidens Pem-pechent d'atteindre la perfection dans le plan de quelques unes de ses ceuvres. Graces soient rendues a Alfieri pour nous avoir delivres de ces etres insignifians, qui n'a vaient du sans doute leur existence qua la mediocrite. La coutume seule les a maintenus au theatre dans les chefs-d'oeuvre modernes; mais le genie n'a pas besoin |