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Show |J)2 MANUEL COMPLET. Non; Oreste, dans la tragedie d'Andromaque, aime Hermione; il peut 1 epouser>m^ Pyrrhus s'unit a Andromaque en refusant Astyanax, ainsi qu'il y parait ddermine et acheyant toute espece de sacrifice pour posseder la belle 1 royenne. Oreste se rejouit de cette heureuse attenle. Pyr. rhus entre : chaque chose prend un aspect nouveau. Andromaque Pa brave , et il solhcite de nouveau la main d'Hermione, et, en ddivrant Astyanax, ii invite Oreste a venir etre temoin de son union avec Hermione. Oreste devient stupdaitd'etonnement, et Pauditoire part;.ge sa stupdaction ». C'est la un vrai coup de theatre, et c'est celui d'un grand maitre. Qu'un tel effet dramatique est different de ceux dont nous parlions tout a Pheure, et qui sont cependant applaudis souvent par le plus grand nombre! Dans ledrame, ce n'est pas la vue seule, c'est le cceur qu'il faut frapper. Le coup de theatre proprement dit consisle en un evenement imprevu, un changement subit des sentimens des personnages, et dans une action noble et extraordinaire. 11 doit exciter Padmiration et Petonnement, mais il doit aussi ne pas manquer de probability. Dans le dernier acte de la tragedie de Racine deja citee, Oreste, apres avoir egorge Pyrrhus pour obeir a Hermione, revient pres d'elle pour recevoir sa main, le prix promis a son crime; mais dans quelle situation il se trouve lorsqu'il est accable par les reprocbes de celle qui Pa pousse a un tel exces! Elle Paccuse du meurtre du roi, qu'elle aime encore ; il y a la une situation nouvelle et terrible , un coup de theatre pour Oreste et pour les spectateurs. C'est au moment oil il se croit le plus heureux des hommes qu'O-DE LA DANSE. 1 0,3 reste devient un objet d'horreur pour celle qu'il aime. C'est une des situations les plus tragiques dont le theatre soit susceptible, et c'est la que Racine deploie cet immense talent qui Pa rendu si celebrc. Cet exemple, a mon avis, est d'un effet plus grand encore que celui cite par La-harpe. Ce sont deux scenes qui s'emparent de vive force du cceur et de l'imagination, et tel est Peffet que le compositeur doit essayer d'imiter. Les poetes qui ont immortalise la scene franchise, les Italiens Metastase, Alfieri, Ap. Zeno, PAn-glais Shakspeare, doivent etre les objets d'etudes profondes de la part de ceux qui veulent reussir dans la carriere dramatique. t,e drame espagnol fournit aussi de puissans diets dramatiques , tcls que ceux qu'on rencontre dans Calderon, par exemple. Quelques excelhsns passages de Kotze-bue et de Schiller peuvent etre egalement re-cucillis. Mais en etudiant les moderncs, n'ou-blions jamais les anciens, leurs modeles; car ce sont eux qui possedent le secret des situations les plus dramatiques et du sublime le plus pro-fond. Depuis les anciens, l'execution theatrale a fait des progres elonnans, que Pon doit a Poh-ziano, Trissino , Corneille, Racine, Molicre, Crdjillon , Voltaire, MafTei, Metastase et Alfieri. II n'est pas necessaire dc courir sans cesse apres des situations dramatiques et des coups de theatre, d'introduire sans relache des scenes a contraste; les mets les plus delicieux ne doivent pas toujours etre servis, et les beautes theatrales trop frequentes et en profusion deviennent a la lon^ue affectees et monotones. Quand le sublime st prodigue, le spectateur se fatigue. Dans lout e cours d'une action dramatique, le poete et le es le |