| OCR Text |
Show ^36 MANUEL COMPLET ouange et d'admiration, et Pon admire univer-sellement le style beau sans afTectalion de leurs ceuvres immortelles. Quant aux poetes dramatiques anglais qui sont de la classe romantique, Montesquieu observe « que leur genie est d'un caractere singu-lier; qu'ils n'imitent mdne pas les anciens, qu'ils admirent; que leurs productions ont moins de ressemblance avec le cours regulier de la nature qu'avec ces ecarts heureux oil elle se plait quelquefois; que cela est prouve par Shakspeare et tous ses nombreux imitateurs , et que c'est sur son systeme que leur style a ete forme. » On peut observer la meme chose a Pegard de Cai-deron et de ses rivaux , Yondel (3i) et les poetes tragiques allemands. Ces auteurs, d'ailleurs, n:ont pas toujours represente les ecarts heureux dc la nature; car que de puerilites, que d'absurdites et d'extra-vagances se trouvent pele-mele avec quelques passages naturels et sublimes! II faut les examiner avec un soin particulier, et nous ne pou-vons profiter des bonnes choses que renfer-ment de tels auteurs, si nous ne les abordons avec un gout deja solidement etabli. La foule des imitateurs que le genie sublime de ces grands hommes traine a sa suite, est tres pernicieuse aux jeunes artistes qui se flattent toujours d'avoir reproduit fidelement 1'original quand ils n'en ont copie que les fautes. Prives a la fois de gout et d'imagination , ces singes dramatiques pensent avoir faitjniracle en s'ecartant dela routetracee par le bon sens. Le vulgaire, pris au depourvu et meme donne, seconde de tels efforts par ses bravos, et la folie remporte M warn HE LA DANSE. 2^7 une courte victoire sur la raison des connais-seurs; cette folie mdne donne naissance a d'autres productions semblables. Credite, Pisones , isti fabulae fore librum Persimile, eujus , velut asgri somnia vauae Fingentur species : ut nee pes, nee caput uni Reddatur forraae.... (HORACE.) CHAPITRE XXI. MODELES , ET MOYENS DE LES ETUDIER. « Que le sujet choisi soit a la fois connu et convenable. » (ARISTOTE.) L'ORIGINE de la tragedie peut etre attribue aux poemes immortels d'Homere; et c'est a ses Margites et autres poemes saliriques que nous sommes redevables de la comedie. Suivant Sui-das, Alceus Epigenes et Thespis firent les premiers essais de tragedie, qui fut aussitot pTcine-ment developpee par le genie d'TEschyle. Phrynicus, disciple de Thespis, inlroduisit des personnages de femme sur le theatre. Thespis lui-meme fut le premier acteur dont nous ayons connaissance. Thelestes fit de grands progres dans son art en jouant les pieces d'Eschyle ; il etait a la fois acteur et pantomime. Aristocles le loue dans son panegyrique, d'avoir porte a la perfection Part des gestes. Les chefs-d'eeuvre d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide suivirent immediate-men t YAlcestis de Thespis avec une progression etonnante et gigantesque vers la perfection. |
