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Show 2 2 MANUEL C0MPLET La danse etait regardee, ainsi que la musique, comme un objet de beaucoup d'importance par les anciens. La religion la reclamait comme un de ses principaux ornemens, dans toutes les oc casions solennelles, et on ne donnait jamais de fetes sans l'unir aux autres ceremonies ou amusemens . L'Ecriture-Sainte en parle dans plusieurs endroits. Non seulement on la croyait tres honorable ; mais , comme l'observent Pariset et Villeneuve , elle fut l'objet de beaucoup de lois faites par plusieurs legislateurs anciens , qui l'in-troduisirent dans 1'education comme moyen de donner de la force aux muscles et aux nerfs, de conserver l'agilite, et de developper la grace du corps humain. Platon , le philosophe le plus grave de l'anti-quite , ne considerait pas la musique et la danse comme de simples amusemens, mais c o m m e une partie essentielle des ceremonies religieuses et des exercices militaires (35). Dans son livre des lois, il prescrit prudemment a la danse et a la musique les limites qui , suivant son jugement, pouvaient les tenir dans les bornes de la decence et de l'utilite (36). Les Grecs s'amusaient sou-vent de la danse, et s'y exercaient avec soin a cause de sa tendance st ameliorer la gesticulation, d'oii elle prit le n o m de Chironomia (3y). The-see, Achille , Pyrrhus et m e m e Socrate (58), ainsi que plusieurs homines illuslres , se diverti-rent souvent par cet art. En fin, depuis les siecles les plus recules, une foule de hautes autorites ont successivement prouve que la danse tend egalement a notre amusement et a notre instruction. Tout le corps se meut plus agreablement, et acquiert une apparence plus aisee et plus agrea- DE LA DANSE. ^3 ble. Les epaules et les bras sont jetes en arriere, les membres inferieurs atteignent plus de force etd'elasticite, les masses musculaires des cuisses, des hanches et des jambes, sont deployees syme-triquement, les pieds sont constamment tournes en dehors, et, dans la demarche , il y a quelque chose qui fait decouvrir une personne qui a cul- *tive la danse. La danse sert beaucoup aux jeunes gens, quand le mouvement est presque un besoin nature!, et l'exercice de leur force est le meilleur moyen de l'augmenter. Toutes les personnes, quel que soit leur rang dans la societe, souhaitent de la force et de 1'ac-tivite ; je puis m e m e dire que tous sont ou se-raient contens de posseder la beaute physique: c'est un desir naturel. Parmi ceux a qui le rang ou la fortune permet de frequenter la bonne com-pagnie, il y en a peu qui ne souhaitent pas d'unir a ces trois qualites 1'elegance de port et de demarche ; et rien ne peut rendre le corps plus gra-cieux et plus robuste que la danse et l'exercice de la pantomime. Chaque autre espece de gymnastic que donne de la beaute ou de la force a diverses parties, mais affaiblit les autres, et les rend, pour ainsi dire , dijformes. L'escrime donne de la vigueur aux bras et aux jambes, mais rend le reste du corps un peu lourd. L'equitation aug-mente la grosseur des reins (39), mais affaiblit les cuisses. Enfin , tous les autres exercices laissent quelque chose de desagreable a ceux qui les pratiquent; ils ne peuveut, ni seuls, ni reunis, donner ce charmant aspect, et ces manieres agreables que la danse bien apprise ne peutmau-quer de procurer. C'est elle qui rend la tete, les bras, les mains , les jambes , les pieds , et enfin |