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Show g MANUEL COMPLET Plus ces danseurs avaient de plaisir a sauter, plus ils excellaient. La danse, comme art, n'etait alors que dans son enfance. _ Le gout et l'experience ayant enfin etabli des preceptes par lesquels les pas, les attitudes et fes mouvemens furent arranges systematique-ment, tout fut fait avec methode, et en harmonic avec les temps et la cadence de la musique. Les ouvrages des meilleurs sculpteurs et peintres ont servi de modeles pour atteindre la grace et l'elegance dans les diverses positions adoptees dans la danse , comme ils servirent aux Grecs et aux Romains dans leurs spectacles muets , etc. La danse fit ainsi de grands progres , jusqu'a ce qu'on la perfectionna, et qu'on la rendit un art agreable et imitatif, surtout unie a la pantomime. La danse , la pantomime et la splendeur thea-trale sont, de nos jours, arrivces au plus haut degre de perfection; quanta la magnificence, a la verite d'imitation des costumes et des lieux, on ne peut rien comparer aux theatres des principals villes dTtalie; aucun ne pent leur disputerla palme de la perfection, excepte 1'opera de Paris, et les theatres de Drury-Lane et Covent-Garden a Londres. O n peut donner une raison de la su-periorite italienne dans les jeux du theatre : c'est que les habitans de ce pays ressemblent beaucoup a leurs ancetrcs les Romains, quand le cri univer-sel etait Panem et circenses. Le gout et le style de notre decoration , le poavoir de nos machines et le talent deploye par les acteurs d a present, surpassent de beaucoup les eflbrts des anciens. Malgre le gout vicieux , et m e m o 1'ignorance que les novateurs modernes reprochent a nos DE LA DANSE. <) peres , nous n'avons pas beaucoup perfectionne les principes de l'art. Notre execution est sans doute plus gracieuse, plus compliquee et plus hardie que "celle de nos anciens maitres; mais n'est-ce pas a eux que nous devons notre preeminence ? Ils nous ont procure les moyens de les surpasser, ils nous ont enseigne les cbemins qui * conduisait a la perfection , ils nous ont montre le but, et nous l'avons atteint. Je prouverai ceci en citant quelques stances du ceiebre poeme & Adonis, par Marino , qui servira d'autorite pour ce que j'ai dit sur l'origine de la danse moderne et sur les danseurs italiens. L'amateur y trouvera plusieurs details inte-ressans, et le professeur beaucoup de connais-sances utiles a son art. Je n'ai jamais rien vu de si expressif et de si agreable. Le poete exagere souvent, mais c'est une prerogative de sa Muse; tout ce qu'il dit, cependant, doit etre possible. II nous aide a juger de l'etat de la danse il y a deux siecles , et la comparison que j'ai etablie, au moyen de notes, entre les, pas et les attitudes rnodernes et celles de ce temps, pourront interesser le lecteur. Marino deploie beaucoup de gout et de science dans l'art dont il parle. Ce qu'il nous dit de Terpsichore nous explique entierement les progres dont la danse etait susceptible a son origine. Cet Ovide moderne, dans le vingtieme chant de son poeme , fait instituer des jeux pour celebrer les obseques d'Adonis. Toutes les divinites s'as-semblent pour disputer les differens prix. La Muse de la danse s'elance dans le cirque, et montre pompeusement son talent. Voici la description animee que renthousiasme du poete a produite : |