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Show 1(So MANUEL COMPLET qui prennent plaisir* deerirece que la nature a de plus exaspere et deplus lndeux ne son jamais a iniiter. Peut-dre que de semblabLes sujets pour-raients adapter aux plus sombrcs tragedies; mais encore le bon gout rejeterait-i ces productions portees par une imagination delirante au-dela des borues prescrites dans les arts d .nutation. Ainsi nous bannirons, comme sujets de ballets, les Fauste, Manfred, Frankensteins. (i3) II est impossible de reconciher avec I horreur et le deWit qu'inspirent ces drames monstrueux par un denouement soit utile, soit agreable. Je ne puis comparer de telles compositions qua ces masques hideux en usage chez les anciens , qui les nommaient mormolicia, mot qui, suivant Hesychius et d'autres, suffisait, dans la bouche des nourrices ou des gouvernantes, pour frapper les enfans de terrcur. La plus grande partie de ces productions n'a ni verite ni lidclite d'imita-tion, et dies semblent calculees , semblables a des mormolicia, pour frapper de terreur des en-fans et des femmes : ainsi, dans le choix d'un sujet, rejetez les trepas atroces des historiens et les cauchemars delirans des poetes; excluez egalement tout sujet qui ne se prcte pas a la danse, et, a plus forte raison, tous ceux qui devien-draient, par la danse, des contre-sens ridicules et deplaces. Esehyle, le pere de la tragedie, n'a jamais teint la scene de sang , conduite dont la sage modd^ation ne saurait etre trop imitee. Ce genie puissant, en s'occupant a creer le drame, sut restreindre les ecarts de son imagination; il de-couvrit et essaya tous les moyens darriver a la perfection theatrale. Horace aussi, comme on peut le voir par la DE LA DAN.SK. | «S 1 citation en tete du chapitre, le grand legislateur du Parnasse, condamne les trepas sanguinaires; il defend positivement de montrer aux yeux IWedee egorgeant ses enfans, ou l'atroce bouchc-rie d'Atree preparant un festin avec des lam-beaux de chair humaine. U n des commentateurs du poete dit que ce precepte est fonde sur la nature et sur la raison; car il suffit d'exciter la terreur, et non Phorreur; le cceur humain ne s'ameliore pas par cette exhibition de sang el de meurtre, mais bien par une detresse pathetique. C'est, en quelque sorte, une simple repetition des principes d'Aristote. Ecoutons ce que dit ce grand philosophe, qui est toujours parfait dans ses compositions : « Puisquc la tragedie, dit-il, est une imitation des plus grands caracteres de Phumanite , nous devons suivre* Pexemple des excellens peintres, qui font une ressemblance fidde, mais embellie; c'est ainsi qu'un poete qui veut montrer un personnage violent et emporte peut faire voir jusqu'oii cette passion peut s'e-tendre, plutot que tel ou tel acces reel. » (Poet., chap. XV.) * Ces excellens preceptes devraient elre^graves dans la memoire de tout ecrivain qui compose pour le theatre : « Si les arts imitent la nature, l'imitation doit etre a la fois sage et brillante, ct non une copie servile; chaque trait doit etre conserve, mais ii faut lui donner tout le deve-loppement dont il est susceptible. Enfin, c'est une imitation, non de la nature reelle et restreinte, mais de celle que Pesprit peut concevoir. Comment Zeuxis a-t-il reussi a peindre une beaute parfaite? A-t-ii fait un simple portrait de quelque bel individu? Non; il a reuni les beautes eparses chez plusieurs individus; il a forme dans iG |