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Show 142 MANUEL COMPLET apercoive les ombres de cette passion secrete qu'if s'efforce autant que possible de cacher. Le jeu du mime depend qudquefois de ceux qui jouent avec lui; s'ils ne sont pas aninies, il devient necessairementfroid; mais l'acteur principal doit prendre possession du theatre , et donner du ton au reste, dont le jeu doit repon-dre au sien, et en former une partie. C'est cette harmonie entre les roles de la pantomime qui contribue plus essentidlement aux effets gene-raux du theatre. On peut observer ici qu'un acteur jouant sur un petit theatre peut restreindre ses gestes et moderer ses efforts; mais quand le theatre a de grandes dimensions, son action pantomimique doit augmenter en vigucur et etre marquee plus fortement. De Vorigine des masques qui jouent dans les comedies italiennes. Le discours suivant sur les masques est pris de Piciro Verri. Supposant que ce sujet est inte-ressant aux amateurs, de theatre, comme traitant de 1'origine des mimes dont nous avons parle si souvent, nous nous croyons suffisamment auto-rises a le citer ici. L'usage dc jouer avec des masques peut-ctre trouve dans l'antiquite la plus reculee. Pendant Jes siecles les plus eclaires de la Grece , aucun acteur ne paraissait sur le theatre sans cet acces-soire particulier. Dans les comedies anciennes les masques etaient d'un usage si universe!, qu'ils etaient adaptes a chaque espece de role; il y avait le masque de l'avare, le masque du parasite, ie masque du bon domestique et celui du mauvais. Un acteur, done , n'avait qua paraltre DE LA DANSE. 1^3 ainsi masque, pour qu'on devinat la nature de son role, meme avant qu'il dit un mot; c'est prccisement ce qui arrive a Pegard du masque de 1'arlequin moderne, qui est toujours le meme pendant que ceux de Brighella (le rustique) Dottore (le docleur), Pantalon, representent si bien leurs dispositions particulieres, qu'il est impossible d'etre trompe dans la folie et la stu-pidite de Brighella, ou dans les tours et la folie d'Arlequin. Ainsi nous etablissons comme fait positif que l'usage de porter des masques, qui ne varia jamais quand il fut adapte a un role convenable, vient des anciens theatres grecs et romains. Parmi les anciens romains, la profession d'ac-teur se divisait en deux parties : le mime et le comedien; le mime avait la figure noircie , et paraissait sur le theatiefuliginefaciem obductus, car dans ce temps , l'usage de jouer avec les bottines dramatiques n'avait pas encore ete introduit parmi les mimes, la plante de leurs pieds etant nue , et c'est pour cela qu'ils obtiafent le nom de mimes, suivant Diomedes, Planipes grcece dicitur mimus, ideb autem Inline planipes quod adores planis pedibus proscenium introi-rent. Nous pouvons de la voir quelle ressem-blance existe entre PArlequin moderne et Brighella (le rustique), et les mimes de l'antiquite, surtout dans ces caracteres invariables , le visage noirci et les bottines; leur atliraii ressein-blait beaucoup a celui d'a present -rleurs mimes etaient habilles precisement comme nos arie-quins. Voyez le passage d'Apuleius dans lequel ii dit : JVum ex eo argumentare uti me con-suevisse tragcedi sysmate, histrionis cocostd, |