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Show aa6 MANUEL COMPLET detournes dune telle horreur. Nous remarque-rons aussi, avec Dubos, que « ce n est pas a quantite de sang repandu, mais la maniere de le repandre qui constitue le caractere de la tragedie; d'ailleurs la tragedie, quand die va jusqu'a Pextravagance, devient frojde et nous L i n e s plutot disposes a rue qua pleurer aUx productions d'un poete qui s imagine etre pathe-tique en proportion du sang qu il verse; quelque, mauvais plaisant pourrait meme lui dcmander la liste de ses morts et de ses blesses. » 11 est rarement necessaire au theatre de passer de la terreur a Phorreur, et le pathetique seul doit etre juge suffisant pour produire une illusion tragique. m C'etait l'usage des anciens que le gouverne-ment fournit au poete les sujets de tragedie, et c'est sur ces documens que les ecrivains de-vaient travailler. Les faits les plus celebres de Phistoire et de la fable etaient ordinairement choisis, parce qu'ils excitaient un interet d'au-tant plus general, qu'ils daient plus generale-ment connus , et cette coutume ne laissait pas que d'etre avantageuse au poete. Les poetes comiques, au contraire, etaient les maitres absolus du choix de leurs sujets : chacun des-lors cboi-sissait le sujet le plus agreable a son gout et a son genie ; ils pouvaient meme Pinventer entierement, et la piece dait ainsi completement de leur propre fonds. Blair ne donne pas assez de latitude aux auteurs comiques dans le choix de leurs sujets; il est peul-etre necessaire d'y mettre des homes; mais a mon avis, plus la comedie est universelle , meilleure elle est, et plus elle a de chances de succes. La comedie , dans son enfance , n'elait autre DE LA DANSE. Iln chose qu'une simple representation sur un theatre de quelque accident de la vie privee. Les ecrivains ayant enfin cesse l'usage des pieces de circonstance , composerent des sujets d'ima-oination, a la grande satisfaction du public et a sa tranqjuillite. , - • La meme remarque ne peut S appliquer a la tragedie; car il est necessaire, en traitant un suiet eleve, de le fonder sur la verite ou sur des fables bien connues , et qui portent un caractere d'autbenticite. La vdited'ailleurs n'a pas toujours ete scrupulcusement respectee par quelques ecrivains qui font peu d'attention a 1 opinion publique,- a Pegard des lieux et du temps; et meme ces ecrivains, en traitant le meme sujet, different en un grand nombre de particulantes. A cet egard , Gravina observe aussi-bien qu A-ristote que Me'de'e n'a pas tue ses enfans, et que ce crime est une invention d'Euripide. Dans YOEdipc de Sophocle, Jocaste s'etrangle, tan-dis que suivantSeneque elle se perca d un glaive. Sophocle et Euripidc ont traite tous les deux suiet d'Electre; mais Pun en fait une viecrrp demeura^ttoujours dans son pays natal Kndls que l'autre la marie et la fait vivrc loin du pays natal. Ce dernier poete, dans les Troyens ^ sa-crifie Polixenes a la tente d'Achille, et dans He'cube, cette meme Polixenes est egorgee en Thrace. Quand un poete s'engage da»s la description d'etres imagiuaires, il est rare que son imagination ne le transporte pas hors des bornes de la probabilite; mais il faut toujours qu'il conserve quelque ressemblance avec la nature, et que {'intention ou le sens allegorique soit toujours facile a saisir. Le poete, enfin, doit imitcr ces |