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Show 20 MANUEL COMPLET mour et de la tendresse; c'est pourquoi leurs compositeurs se devouent presque entierement au genre anacreontique. (34) Par tout ce que j'ai dit jusqu'ici, nous voyons que la poesie, la musique et la danse ont agrea-blement occupe chaque nation. Ces arts, qui sont naturels a l'homme , ne pouvaient, a cause du plaisir qu'ils procurent, manquer d'etre culti-ves. O n les estimait et on les appreciait beaucoup. Les Orientaux, dont nous recumes nos premieres instructions en toute chose, parlent constamment en leur faveur. Nous savons tous combien la musique et surtout la danse sont estimees et pratiquees chez les Chinois , et nous sommes forces d'avouer que ces trois arts ont pos-sede un empire absolu sur toutes les nations qui jouissent d'une atmosphere pure et d'un beau ciel. Les Iroquois et les Hurons ont leurs danses, leurs pantomimes et leur musique. Les comediens italiens, (en i^25), donnerent une nouveaute tres curieuse a leur theatre a Paris, et c o m m e elle sert de preuve a m o n argument, je vais la citer. « Deux sauvages, d'environ i5 ans , hauts et bien faits (dit l'auteur du Mercure de France vol. II), qui vinrent dernierement de la Loui-siane firent trois danses differentes, ensemble et separement, et d'une telle maniere qu'on n'eut pas le moindre doute qu'il n'eussent appris leurs as et leurs sauls a une distance immense de aris. O n comprend surement leurs gestes tres facilement dans leur pays ; mais ici , rien n'est plus difficile a comprendre. Le premier danseur reprcsentait un chef de sa nation , habille plus I 1 DE LA DANSE. 2l modestement que les habitans de la Louisiane ne paraissent ordinairement, mais pas assez pour cacher sa nudite. II portait sur sa tete une es-pece de couronne d'un volume considerable paree de plumes de diverses couleurs. L'autre n'avait rien qui le distinguat d'un guerrier ordi^ naire. Le premier, par sa maniere de danser el 1 ses attitudes variees, exprimait au dernier qu'il venaitavec une proposition de paix, et lui pre-sentait son calumet ou son etendard. Ensuite ils executaient ensemble la danse de la paix. La deuxierne danse, qui etait guerriere, representait une assembled de sauvages qui paraissaient deli-berer sur une guerre contre quelqu'autre nation ou tribu. Ils representaient, dans leurs differens gestes, toutes les horreurs d'un combat. Ceux qui opinaient pour la guerre se joignaient dans la danse, et donnaient ainsi leur voix. La troisieme danse se faisait ainsi qu'il suit: le guerrier, arme d'un arc et d'un carquois plein de fleches' pretend aller a la recherche de 1'ennemi, pendant que l'autre s'assied et bat une espece d e H tambour ou de caisse pas plus grande qu'un chapeau ordinaire. Ayant dccouvert 1'ennemi , le guerrier retourne et en informe son chef; il miite alors un combat dans lequel il pretend avoir defait 1'ennemi, ensuite ils execulent la danse de victoire. » U n petit episode d'amour in-troduit dans cette pantomime en ferait peut-etre un bon ballet moderne. Les plaisirs de la danse sont universellement connus, au moins par ceux qui la pratiquent; on ne peut appeler les autres de bons iuses • exammons done son utilite. Ce n'est pas le plus petit de ses avantages, ni celui qui excite le moins d interet. |