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Show 240 MANUEL COMPLET hue a polir et a perfectionner le drame depuis le moment oil il sortit de la barbaric Les Italiens imiterent les anciens, mais leurs comedies avaient plus de sentimens de decence et plUs d'egards pour die (35). Approcher davantage des modeles les plus parfaits de 1 antiquite, etait reserve a des temps plus civilises. • Le grand Corneille, Moliere et Racine firent des prodiges, et arriverent bien pres de la perfection. Les Italiens, a leur tour, profitant de Pexemple qui leur etait donne par leurs voisins de l'autre cote des Alpes , produisirent Croesus, Cleopatra et Ottavia, qui furent regardes comme les meilleures tragedies au dix-septieme siecle. S. Maffei et P.-J. Martello se distinguerent ensuite dans la m e m e carriere. Shakspeare, Cal-deron , Lope de Vega et Guillin de Castro se sont eux-memes illustres par les voies nouvellcs qu'ils ont parcourues, mais ils ont peu avance vers la perfection classique. Gottsched obtint le titre glorieux du reforma-teur du theatre allemand. Hoi berg crea le drame danois. P.-J. Martello, Voltaire, S. Maffei Zeno, Metastase, Goldoni, Alfieri, Monti Kotzebue, Schiller, et Mora tin ; le Moliere de l'Espagne, ont porte leur art au plus haut point, suivant le genie de chaque nation. Racine sen tit profondement le merite des anciens; il les etudia savamment et philosophique-ment, ou , en d'autres termes , comme un homme de talent. C'est d'apres ces parfaits modeles qu'il se forma lui-meme un style qui, en graces, en beaute, en pathetique, rivalise ses originaux. O n ne peut rien imaginer de plus beau que ses tragedies de Phedre, Iphigenie, Aihalie, Bri-tannicus et Andromaque (34). Chaque fois que cet DE LA DANSE. 2/, I homme illustre s'empare d'un sujet deja traite par les anciens, il le porte, ainsi qu'ils Pont fait, a la plus grande perfection, et d'imitateur devient leur rival. Mais Racine etudiait la nature aussi bien que les productions classiques. Les mo-dernes negligent trop souvent l'etude de la nature pour celle des auteurs, et le Batteux observe avec justesse « que les anciens sont pour nous ce que la nature etait pour eux. » Les ceuvres de la nature doivent etre l'objet d'une etude plus profonde que les ceuvres des hommes. On peut dire de PEuripide francais qu'il a evite les defauts des anciens, en eehangeant ces defauts contre des beautes a lui, et heureux ceux qui peuvent en faire autant. (35) Puisqu'il n'est pas de modele sans defauts, il faut avoir soin d'eviter ces defauts quand on etudie. La faiblesse et la mediocrite enappellent souvent des defauts du modele pour excuser leurs fautes. La vanite des jeunes artistes est aisement flattee quand ils apercoivent quelque faible ressemblance entre certaines parties de leurs productions et celles des grands marHes; mais c'est seulement par leurs beautes et leurs perfections qu'il faut soneer a leur ressembler. On peut accuser d'erreur les hommes de genie, mais jamais leurs beautes ne manquent d'admi-rateurs; et celui qui n'imite que leurs fautes est justement siffle. O n peut surprendre la multitude et capter ses faveurs ou s'excuser pres d'elle ; mais les doses des connaisseurs ne se donnent qu'au vrai merite. Voltaire possedait aussi le beau talent de perfectionner ses originaux. Doue du double avan-tage d'une vaste experience unie a un genie bril- 7.1 |