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Show (· 442 LAU de trois ans ; au lieu que ceux , qui font plant6s dans des lieux humides & marecagcux ' & ceux qui font fitu ~s i l'ombre des grands arbres ' donnent moins promptement la. Carzelle ' ?u en donnent une moins parfaitc' moms ar~matlqu,e_, & qui contient moins d'l~uile efl'entle.llc. L ccorce des Canelliers plantcs dans des hcu~ humidcs & ombragcs , a un peu P.lu•. 1<:> gout ,du camphre que e,ulle de ceux, qu~ vtcnnen.t dans un cerrcin fablonncux , & a decou v~ rt, c~r, l'influence du Soleil rend le camphre h volaul, qu'il {'c m~le fJcil cment ~vee les rues de l'arb:e, & s'clevant entre lc bo,ts & .la .mc?1b~ane tntcrieurc & tendre de l'ecorcc , 1l ic ropand fi parfaitcment entre les branche~ ~ dans les fauilles qu'il ne fe laifl'e plus dtfl:tnguer. . L'ode~r du Cum:llier efl: admirable quand !I cO: en flcur ; & lorfque les vencs favo:ables fouflent de terre , le p:trfum en eft porte fort avant dans la mer , en forte , qu'au rapport de quelques Voyageurs , ccux qui navi.gent clans ccs contrces, fentent cette odour fuave '(qui approche, dit-on, de celle du M.uguet \ie .Mai) a quelques milles de ~iftancc ~li nvage. Methode en uf{zue pour tcrer Ia Candle de '1' arbre. La Cane it/' des boutiques ell l'ecorce tirce des Carzdliers de trois an'; on a courumc de l'enlevt~t au printemps & en automne , dans Je temps que !'on obJerve U~C 'SCVC' ab<mda!1te entre l'ecorce & lc bois: lorlqu on 1 a enlcvcc, on en fcpare l' cp idcrm~ ou la r.e~ite ccorce c:<tL·rieure <tui efr gnsfltre ; en!uae, on la coupe pat· lames , on l'expofc au Solei\ , & la, en {c rcchant' eJle ie roule d elle-meme' comme nous la voyons. . . Toutes les panics du Carzellur font Utiies ; fon coorcc fa racine' Jon tronc ' fes branches' fes f~uillcs', fcs fl~. urs & les fr~its; on. en retire des eat1x di!lillees, des fcls volauls, du camphr<? du Cuif ou de Ia eire, des huiles precieut'cs: i•on en compote des firops, des !iqucurs, d es effi·nces odoriferantcs, d'autres qUI convcrtiff.~ nt en hypocras toute~ ~ones de vins, o~ fonc la bare de ·ces epzces fuaves qu1 entrent dan~> la confecHon de nos ragouts: en un mot le C,mellier peut etre regard6' a tOllS ccs cga:ds ' c?mme l'u~ . des arbres les plus prccicux q ue l on ~onnodle. , On retire d'une hvre de Canellt: , lorfqu elle eO: rccentc , p\~s de trois W?s d'huile ~fl_'enti clle ; mais trcs- peu lodqu clle eft vtellle. Au!ll l'huile de Canelle, que vend 1a Compa~ nie lioLJn loire, efi-elle diflillce a Ceylan ou a Batavia. Commc cette huile eft tres-chere, & qu'clle v.1ut jut'qu'a 70 livres l'once, on· la r f.dfifie CJUCICjuefois 1 en y melant de l'hui)e de (, ero fle, ou mieux encore, de l'huile de Ben: l'ex•:cllence de fon parfum l'a fait employer dans IC.i melanges d'aromates ' qu'ol;l n.omme Pots-J'ourris. \ LAU Dtt camfhre que donne l.l racine dr Canellier. Par la dif illation , on retire de l'ecorcc de la racine du Canellier, une huile & un fcl Vlllacil , ou plutoc du camphre. L'huile efl: plus lcgu·e q~te l'eaa, limpidc , j .zun{me, fubtile, & fe dlf! ipe aiit:ment dans l'a~r ~ clle e{t. ?'une odeur forte agrcable , c1u1 ttent le mlizeu entre ~e Camphre & la Candle, /!c. d~un .gotlt f~rt vtf. Sans employer mcme la . dtfhl latwn, I ccorce de la racine du Carullur rend de temps en temps du camphrc, en gouttes ~lcagineuf.cs , c1ui {e coagulent en forme de grams b!:mcs .. Lc campluc du Can.ellier eft trcs- blanc ; . tl furpa!l'c de bcaucoup . pa.r la douccur de ~on odeur, le camphrc ordtnatrc. II eft trcs. volaol , f'c difli pe aif~ment , ~'cnflamn~e ~romptcm ~' nt, & nc l 41iifc point de refidu aprcs fa combuib~n. L'huile que l'on retire de J'ccorce & dw ll racJO~ du Canelli ~ refremployee exterieuremcnta~ Jndcs, dans les rhumatiimc~ & dans lcs paraly{tcs: on l 'y donne inrerieu;emcnt btoyec .avec du fit~rc, pour excirer les fucurs , les un.n ~ s , forofier l'c!lomac, chaf!cr les vents, dt.flzpcr les c.a· rarr ws. On y regardc le camph~·e d~ .Cane~.lter cotHme lc mcillcur done on putfl'c ~a.1re ulag.~ en Mcdccine : on le ramaffc avec lozn, & 1l cfr deftinc pour les Rois du pays, qui lc prcnnent comme un cordial d'une efficacitc pcu commune. De l'ufage des feuilles du Carzdlier. · On obticnt, par Ja difrillation drs fcuillcs du Ca· nellier. une huile qui va au fond de l'eau .; elle cfr d':.tbo.rd trouble , mais ellc devient tranl'parcnre & jaun3trc avec le t emp>; elle a un pcu l'odcur du Girofle; fon go<l.t & .res proprictcs font prcfque les memes que ceux de l'huilc retir6e de l'ccorce : cette huile paf!e dans le pays pour un corrcCtif des violens plll"gatifs. Lcs feuilles cll~s · memes {unt employees dans les bains aromatiques. De l'ujage des flwrs du Canellier. On ob• tient des fluurs, par la dillil!ation , une eau odoriferante, des plus agreables, ~ bonne contre les vapeurs ' & propre 3 retablit• le cours des efprits ' i les rani mer ' a adoucir Ja mauvaife haleine' a donner du par fum & de }'agrement 3 dtftcrentes fanes de mets. On prcplre encore avec ces fleurs une conferve tn~s·bonne pour les pedonncs d 'un temperament leucophlcgmatique. De l'uj'age des fruits du Canellier. Les fruits donnem deux fortes de lubfrances; on en tire, par Ia difiillation, une huile cffentielle, femblable a l'huile de Genicvre, qui fcmit m~lcc ·avec un peu de Candle & de clou de Girofle; & par la decoCtion on en tire une cartaine graiffc cpaiffe' d'une odeur p6n6trante' reffcmblante au !i.Jif, par f.1 c.ouleur, fa confiftance, & qu'on met en pajn commc du lavon. La Compagnie des Indes Orientales Hollandoife nous l'apport~ ious 1~ nom de eire de CaFJ.elle:. I • LA U parce que le l~~i de. Ca~cly, pr?vincc du Mogoliftan, en ta1t fau·c {cs bougzes & fes flambeaux , qui rcndent. 11ne ?dcur agr6able , & font rcfcrv6s pour ton uJ~ge & celui de fa Cour : clle fert . d'un remedc intc rieur i<:: exrcrieur chez Jcs lndicns' fait pour les contufions, Jes luxations, lcs fratlu res; fait dans lcs ongucns nirvins' les empl<hres rc!olutifs ' cephaliquc • JJe l'ujizge de la Ca fldle, de l'eau fpiritueufo, & de L'lw tle qr/on en r !!tire par l11 dtfttlltJtion. Mais de toutcs les parties Ju Canellter , nous n'cmployons gncrcs en Europe q ue fon ecorcc, l'cau fpiritueufc' & l 'hui lc enenticllc qu'on en rerire par 1:J. di f1il lation. L'ccorce du CandLter efl: aroma tique, cchauffanre, frimuhn re , forrifiantc, cordiale, fl:omachique, carminati ve , & emmenagogue. On en fait un frecruent ulJge lodquc Jes for·ces iont abattues; dans Ia Lipothymie, les fi evres maligncs , les maladies froides de la tete , de la potrrine, de l'eftomac, de Ia matrice, & dans les duuleurs de coliquc : cJle cfr encore utile d,ans Ia fuppreOion des rcg les , & da:1a les accouchcmens difficil cs ; mJi~ ion ulage immodcrc, ou trop long· temps continue , ou enfin mal place , dif{>Oi'e i ! 'inflammation , cc qui eft un incon veni ent auquel il ne faut pas manquer d'avoit• cgard. L'cau fpiritucufc de Canellc a Ies memes proprietcs que l'ccorce. On la prepare en faiiant macerer ' pendant vingt- quaere hcures ' une li vre Je Canclle con affcc , dans trois Jivrcs d'eau de Mclifl'e di!l:i110c, & trois livt cs de vin blanc. On difl:illc la liqueur a un feu violent dans l'alambic avec un refringercn t : on confi,rve pour l'ulage lcs trois livres d 'eau qui palfcnt 1<:-s premieres. Cettq eau eft trouble , blanchatrc, !aiteulc, i caufe des parties huileufes de Ia Canellc qui y font incorporees, & qui lui donncnt beaucoup de for.:e. L'huilc effentielle de Canellc , eft de routes les parties du Canellier , celle qui a le plus de force, les propriGtcs les plus acbvcs; a11fii, lorfque certe huile efl: pure , elle eft vrairuent caufrique : adoucie par le melange du fi.tcre ' Jous la forme d'un oleo - faccluuunz , elle cit d'un go(lt dclicicux : on Ia p rofcrit encore depuis une goutte j ufqu'a fix, dans un reuf ou <JUelqucs liqueurs convenab les. C'eft dam cettc ltuile que nHide toute l'efficacite de la Cancllc ; auffi eft-clle eronnante par fes efte ts. Ricn de plus agrcable ni de plus admirable, pour animer' echauffer ' fortifier tout d 'un coup la machine ; mais il faut bien fe oarder d'en faire un ufago deplace. Comme dle ~ft extrcmement ~ere, brdlante & corrofive elle cautcrife avec promptz. tu d e? quand on !'a' pplique exterieure-m~ nt. En e~et , du coton trempc dans cette hwle effenttelle , & mis dans le creux d~ LA U 4 ~~ "i'.) dents, Iorfqu'clJcs font mal, appaire lcs dou leurs parcc qu'ellc Jcfscche & brCt le lc ncrf par fo; acrct6 cauHique. o~{ervation. Lcs Hollandois font parvenus a faire feuls le commerce de la Canelle ainf1 que celui du Girofle & de Ia Mukad~ , en cor.qucr:tnt fur lcs Portugais, d'un cote lcs Ifles Moluques qui produWmt feuls le Giroflc ( Vuyf'{ Giro flier) , & Je I' autre , l'Hle de Cey'an fcule feconde en Canelle. Les Hollandois, po u~ fc rendre ma1tres cxclufivemenc du commerce de cette 6corcc precieu!c , aprcs :woir chaff<.! lcs Portugais de Ceylan , conq.tirent cnc()rc fur eux lc Royaume de Cochin , fur Ia cr)cc de Malabar, pour leur nlcvcr lc commerce d'unc Cancllc qui croifioit dans ce p:tys, & qu'ils vendoient fous Jc nom de ( rmclie pollrtgaife, Carz el/e fauvage ou Caneflc grif~ . La premiere chofe qu'ils tirenr aprcs cerre cunquCtc, fut d'arracher cctte Canclle filllv:tge. Toure Ja Cancllc, dont les Jlollandois fournillcnt les deux Hcmifphcrcs, fe rec:olrc dans un efpacc d'environ quatorze Jieues , le long des bards de Ia .Mer, a Ccylan. Cec ~ndroit, . qui pone le nom de Champ de fa C.melle, eft dc·puis N cgambo ju!~u'.i (,a llieres : ils nc laiff'cnc crolcrc qu'une ccrtainc quantitc de ce.s arbrcs, & one grand foin de fairc arrachcr de temps en temps une panic des Cancllicrs qui croiff'ent J~ ns culrure, ou mllme ccux qui il;~oicnt culrives aillcurs que d ans certains difrriets de 1 Ifle , connc;inant, par une experience de plus de cent vingc ans, Ia cp1antit6 de Canclle qu'il leu r faut pour Jc comn1cr'cc, & per!'u. Jch C] u'ils n'cn dcbitcmient pas da vantage quand rn,:mc ils la donneroi ent a me;ilkur m:~rch 6. On c!limc crue ce qt•'tls e:o a pportcnt en Europe , va a f,x cenrs mille Jivres petan t par an , & qu'.Js en debi rcnt i pcu·ptcs amant dans lcs Jndcs. II ·~>'en confomme unc grande quantitc en A merique , paniculicreto11en t au Perou , pour le chocolat, done les EfpagnoJs ne peuvent fc paffer, Mais c:e commerce, que les H 0ilandois font feuls depuis long· temps, des cpiccri<:>s fines' va ce!Tcr inceifamment, d'etre ey,cJufif, car, lcs arbres qui ks produifent , font maintenant dans nos poff'cffions. Vo.re{ aux articl es c;rofli~r & Mufcadier, la note hiftorique de la manzero dont nous nous fommes procun~s ccs arLrcs precteux, & Je nom de ceux a qui nous avons J'obligacion de Jes poifeder. C'cft , dit Aublet , aux foins de M. fe Commandeur de Godbeu , & aux ordres de M. fon frere , Diretleur de la Compagnie des Indes, & Commandant-general de nos ctabliflemens dans cctte p~rtie, lpl'on doit les arbres de la vraie Canelle. Ces MdTieurs cmploycrent une fomme confidcrable pour cet objet, & ?4. Forch6 1 Cqm.n:Jandant .l Mah~, charg6 d~· .1\kk jj . |