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Show *12 D. BERTRAN, Tant que prenant fon temps enfin il fyk Fabatre Et le met d'vn feul coup hors d'cftat de combatie Quelle pouuoit alors eftre cette beaute Q u i fe croyoit encore a peine en feurete? Il la voir toute pafle, 8c fon charmant vifa^e Cacher tous fes attraits fous vn petit nua^e Mais s'eftant rafleuree au fuccezdu combat* Cette m e f m e pafleur en rehauflaFeclat, Auec qui la pudeur faifant vn doux melange A u x yeux du Caualicr la fit paroiftre vn Anee. Mais quels charmes nouueaux 8c quels rauifle-mcns Q u a n d fon efprit parut dans fes remercimens! Auecque tant de grace elle fe plaift a dire Qu'elle tient de luy feul le iour qu'elle refpire, Q u e charme d'vn efprit 8c fi prompt 8c fi vif D e fon liberateur il deuient fon captif, Defia dedans fes yeux fa paflion eclate. E n ce point toutefois elle fe montre ingrate, Qu'oiant de fa vertu former quelqueibupcon Elle refte obftinee a luy cacher fon nom. D'ingratitude en vain fon reproche Faccufe, V n e raifon feerete eft toute fon excufe, Se decouurir a luy c'eft fe mettre en danger, Et s'il la veut enfin pleinement obliger, II faut qu'il fe refolve a taire fa vidoirc, Et qu'il n'en cherche point d'autre fruit que gloire. Il s'en^age au fecret, il en donne fa foy, Et de cette parole il fe fait vne loy. Enfin elle le quitte, & joint vne autre Dame S ans donner plus d'efpoir a fa nooudlc flam* , $ la COMEDIE. 273 ]I les voir tout confus d'vn regard curieux En s'eloignant de luy jetter fur luy les yeux, II fe donne a les fuiure vne peine inutile, Entrant dans vn carroflc elles gagnent la ville, Ou pendant quelques iours il tache a decouurir Quel eft ce cher objet qu'il a fceu fecourir. Cependant vn amy marie par promefle Lavage auecque luy d'aller voir fa maiftrefle* Mais quel fenfible coup a fon cceur enflame - Alors qu'il reconnoit Fobjet qui Fa charme, Qu'il voit vn autre heureux, 8c qu'enfin on s'ap-prefte AFenrichir bien-toft de fa propre conquefte! Ilfoupire, il luy parle, & deuant fon Riual, Sans qu'il s en apper^oiue, il luy conre fon mal. Elle en paroit furprife, il Fattendrit fans doute, Auec emotion il voit qu'elle Fecoute, Mais fa feule efperance eft dans le defefpoir Puifqu'elle s'abandonne a fon trifte deuoir. Au recit du malheur dont le deftin Faccable Iugez s'il fut iamais amant plus deplorable I S A B E L L E. Ie plains fort Fvn 8c Fautre, & doute qui des deux Encemfte rencontre eft l c plu s malheureux. V bien-fait peut beaucoup fur- vn noble courage, Pegnantvn g r a n d merite en fecret il engage, % C eft vn fidelle agent qui parle nuir 8c iourf T^JST au deuant de fa douce &&* i l d eft dif t c i l e *pr& vn tel bonheur ? * D^onne f0 n e f t i m c &d |