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Show 4" L'AMOVR O R O N T E . A h , ne prefumez'pas que ie m'en ofe plaindr- M a douleur par refpedfcaura mieux fec5trairl Pour grands que ioient les maux dont ie reik les coups, fll lis m e font precieuxpuifqu'ils viennentdc vous PolTeder voftre coeur m'eftoit vn bieninfio-ne' Vous m'en voulez priuer, ie n'en eftois pasVne Ie viens de voftre boucheenecouterFarreft * ' Et luy facrifier m o n plus cher intereft, Heureux fi m o malheur ayant fait tout mon crime Vous m'oftez voftre amour fans m'oftet vob eftime* L V C I E. Quelle mortelle atteinre a ce CCEUX amoureux! Vous parlez de coupable & puis de malheureux, A h , ne m e tenez point en fufpcns dauantage, D e grace, expliquez mieux vn fi trifte langage, Et du moins pour vous plaindre auec quelquecou-leur, S$achons quel eft ce crime,ou quel eft cc malheur, O R O N T E . Vous foufFrez qu'en fecret vn Riual vous adore, M o n malheur, le voila, m o n crime, ie Fignore, Mais ie ne m e puis voir fi-toft abandonne Sans m'eftimer coupable autant qu'infortune, Car enfin ie croirois meriter m o n (upplice Si ie vcus foupconnois de la moindre injufhce, D e voftre changcment ien'accufequemoy, Vous m'auez dupunir, mais ie nefcay pourquoy. L V C I E. La furprife oii m e jerte vn reproche femblabie... A LA MODE- 4*3 O R O N T E . Ah c'eft trop differer a perdrevn miferable, Chercher I Fadoucir, c'eft redoubler m o n mal. Dites qu'on m e prefere vn plus digne Riual, Que c'eft par mes defaurs qu'eclare fon menre, Que de vos premiers feux voftre gloire s'irrire, Q^'afin de m'aduertir de voftre nouueau choix Vous m e fouffrez icy pour la derniere fois, Er que loin de vos yeux, pour plaire a voftre enuic* Ie dois aller traifner m a deplorable vie. Ce coup a m o n amour fera rude, il eft vray, Mais duifay-ie en mourir, ie vous obeiray, Auec tantde refpecl: que m a trifte prefence N e vous reprochera iamais voftre inconftance. a cliton. Ioiiay-ie bien m o n role ? C L I T O N. Admirablement bien, Vous feriez au befoin vn ^rand Comedien, L V Cl E. C e difcours m e furprend jufques a m e confondre, Fen perds la liberte mefme de vous repondre, Et ne vois aucun iour a m e juftifier Vous oyant plaindre ainfi fans rien fpecifier. Si j'ofe toutefois dire ce que j'en penfe, Voftre douleur, Oronte, a beaucoup d'eloquence, Et ie la croirois moins, quoy que vous m'ayez dir, Leffer d'vn cceur arreinr, qu'vn jeu de voftre efprit! La douleur veritable , encor que violenre, N'apour fon truchemer qu'vne ceilladc mourante, tile hut du difcours le derour odieux, Et c'eft par les foupirs qu'elle s'explique mieux* |