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Show 4*8 LE BERGER A D R I A N . O Ciel, que de folie & de dereglement • L Y S I S . Vous blamez les Bergers, mais trop aueuglement. Eft-il fa^on de viure en douceurs plus feconde, Et leur n o m n'eft-il pas aufli vieil que le monde? Lors que Deucalion voulut hommes forger, D e fa premiere pierre il naquit vn Berger. ladis les plus grands Rois , que gloire m'eft de fuiure, Faifoient leurs fils Bergers pour leur apprendre a viure. Les Dieux cent fois en terre en ont pris les habits, Apollon chez Admete a garde lesBrebis, Et m e f m e encor la haut ces Eftoiles errantes Sont animaux paiflans dans ces plaines luifantes, Et qui les garderoit fi ce n'eftoientles Dieux? O r quant a nos Moutons, eft-il qui vaille mieux? Outre qu'on s'en nourrit,on les tond, & Ians peine Tout Berger en recoit vn douxtribut delaine. Pour fe faire adore'r autrefois, ce dit-on, Iupiter emprunta la forme d'vn Mouton. I a Grece n'a point veu d'enttepnie plus haute Q u e quand pour laToifon partir maint A r g o n* SprqemierLrifice,onrafaitauD,euPan- C'eft nour vous temoigner, m o n Coufin Adrian, S u e Juoy qa'ofc du m o n d e alleguer a mal.ee, 2PencT^« vn troupeau c'eft vn • » * « * De Marchands, Ofticieis ? 1 IOCU , Qu'on life lulicttc, 3c puis que o n g Si Fonconnut iamais telsnoms en Arcadie EXTRAVAGANT. 4*9 Chacun eftoir Berger, 3c viuoir fans foucy, Celt c o m m e ie pretens qu'on fe gouuerne icy, Croyez-moy, m o n Coufin, laiflcz-la vos aulnages, Venez auecque nous regler nos parurages, Amenez femme, enfans, vous viurez en repos, Elle fera Bergere, ils feronr Bergerors, Et nous goufterons tous des voluptez parfaites Allant danfer fous forme au fon de nos mufettes. A D R I A N . Ah, Monfieur, vous voyez a quel eftrange excez Va de ce pauure efprit le phrenerique accez, Combien d'extrauagance... L Y S I S s'eloignant d*eux. Ah, Charire ! ah, Charite! Si tu m e fais mourir, fay que ie refliifcire. life retire au com du Theatre ou il je couche. C L A R I M O N D. Tandis qu'il refve feul, de grace apprenez-moy Le principe cache du rrouble oii ie le voy, Ten trouue les accez d'vne eftrange narure. A D R I A N. C'eft le fruit d'vne vaine 3c maudite lecture. Son pere eftoit marchand 3c bourgeois de Paris, Qui fe voyant du bien n'eut d'yeux que pour ce fils. Ainfi faifant deflein de le pouruoir d'Oflice, Pour luy former Fefprit trop fimple 3c fans malice, II le mit a Fetude, ou rour ce qu'il apprit Cefur a renuerfer ce peu qu'il eut d'efprit, II ne leut que R o m a n s , en crur les impoftures, Admira des Bergers toutes les auantures, Et fon foible cerueau fut bien-toft demonte Par ces contes en Fair d'amour 3c de beautc. Iiij |