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Show 510 LE BERGER ACTE II SCENE PREMIERE LVCIDE, MONTENOR, en habits de Bergers. LVCIDE. N peu de complaifance , & Fhabir dc Berger A ces propos d'amour ont deu vous en-gager, Mais, de grace, auec m o y mettez fin a la feinre, N e vous impofez point cette dure contrainte, Et croyez que de foy, fans m e parler d'aimer, Montenor vaut aftez pour fe faire eftimer. M O N T E N O R . Q u o y , d'vn amour fi pur la douce violence PourvousperfuaderafipeudepuiiTance, Et quad pour vos beaux yeux ie m e fens tout de ten, C'eft eftre complaifant que d'en faneFadueu. L V C I D E. O n furprend de la forte vn efprit trop ac^c Q u o y qu'on foir rout de glace, onproteftequon brule, EXTRAVAGANT. 511 Mais ces difcours de feu m'en prouuet peu Fardeur plus j'en vois fur la langue, & m o m s ,'en crois au coeur. „ M O N T E N O R. Qu'a Fefpoir d'vn amant voftre humeur eft con-rraire i Vous ignorez (cs feux s'il s'obftine a fe taire, S'il parle, il eft fufpeft d'arrifice ou de fard. r LVCIDE. L'Amour pour s'expliquer a fon langage a part, Il parle, il perfuade en gardant lc filence, Ses moindres mouuemens font remplis d'elo-quence, Vn foupir dir beaucoup fouuenr en vn inftant, Etdoit parler bien bas fi le coeur ne Fcntend. M O N T E N O R S'il eft vray que le coeur entendece langage, Voulez-vous de m a flame vn plus clair temoignage? Cent fois aupres de vous le mien a foupire, Cent fois par m a langueur ie m e fuis declare, Et n'ofant vous parler du mal que vous m e faites Mes yeux en onr efte cent fois les inrcrpreres, Mais leurs rriftes regards onr mal f<jeu Fexprimer, Et quoy qu'vn fol elpoir en ofe prefumer, Des plus adroits foupirs f eloquence eft muette Si le coeur n'eft d'accord de fa propre deffaite, Et leur inrelligence a peine a fubfifter Quand FAmour n'aide pas a les faire ecouter. L V C I D E . C'eft done parce defaut que ie n'ay pucomprendrc Ce que vous pretendez qu'ils m'oht du faire entendre , |