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Show 524 LE BERGER Puifqu'il n'eft point de coeurs, point de Berbers fi braues & D o n t ce cruel Tyran ne faffe autant d'efdaues, Et pluft au jufte Ciel que ie puife douter Si le joug qu'il impofe eft pefant a porter! Cependant, admirez par quel prodige etrange Sous fes injuftes loix m a liberie fe range. Sous le feiiillage dpais d'vn verdoyantormeau V n iour fans foins encor ie gardois m o n trou-peau, Q u a n d furpris du fommeil, vn amas de lumiere Suipendit de mes fens la vigueur couftumiere, Et fit voir rour a coup a mes yeux ebloiiis V n precieux rrefor de charmes inoiiis. C'eftoit vne Bergere en qui toutes les graces Sembloient c o m m e en leur none auoir choifi leurs places, V n e aimable arrogance , vne digne fiertc Y joifTnoit la douceur auec la majefte, Et les D k u x n'ont iamais par vn plus noble ou-urage D e leur Diuinite fait eclater Fimage. O N y m p h e , ie la vis, jugez fi ie Faimay, . Si d'vne prompte ardeur ce coeur fut enrtame, Et fi pour refifter a Feffort de fes charmes L a furprife des fens m e put killer des armes. Mais quel rrifte reuers quand fur la fin du iour I'en vis Ferreur finic, & non pas m o n amour. D e tant de raretez m o n a m e pofledec A m o n reueil encore en conferua I idee, Mais fi confinement, que ie ne P ^ 1 ^ M e retracer Fobjet ou brilloient tant d atuaus. EXTRAVAGANT. 525 Ie Faimay toutefois.cette idee imparfaire, Ma liberie par la renconrra fa dcfaite, j § ^depuis ce m o m e n t d'vn tel amour epris : pour tons autres objers ie n'eus q u e du mepris. Ainfi force d'aimer fans efpoir delalaire, ie me trouuay rcduit a bruler & m e taire, Tat que cette contrainre augmentant m a langueur Ilfaiut decouurir les fecrets de m o n cceur. VnDruyde farneux qui dedans fa. tetraite Pu Deftin chaque iour femble eftre Finterprete, FutFOracle diuin qui d'abord par ces mors A mon efprit rlotantrendit quelque repos. Hfjom-toy y Berger melancolnpue^ Lesdecretsdu Deftin font bien-tojhaccomplis, Surles nues de Marneyau ^oyaume des Lys, ya trouuer la Nymphe ^Angelique, Fayduy connoiftre ton ardeur, Ouure-\uy tout ton cceur Lay coniant de tes feux l*admirable origwey Et tes yeux eclaire^ alors d*~Vn nouueau iour l(econnoiftront foudatn cette beaute diuine9 dont timaze en dormant te donna tant d'amour. / life leue, & comme furpris tout a coup d'yn eclat V \ nouueau, il continue sadreffant a Charite. J Mais Dieux 1 que vois-ie enfin} quel eclat de lumiere Eft venu tout a coup defliller m a paupiere > Bcrgere,c'eft done vous qui m'auiez f9eu charmer, Vous, dont Faimahle idee aiiodtpum'enflamer, Vous, ce diuin objet pour qui m o n coeur foupire, Vous que... |