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Show s6 T R A I TE „ il ne s'enfuit pas que lcs commence- „ mens foient innocens: pour peu qu'on adhere a ces premieres complaifances " des fens emus , on commence a ou- " vrir fon cceur a la creature: pour peu "; qu'on lcs flatte par d'agreablcs repre- \\ fentations, ( ou dcs chants agreables) „ on aide le mal a eclorre Quel- „ quefois la corruption vient a grands flots : quclquefoisellc s'infmuecomme „ goute a goutc; a la fin on n'en eft pas „ moins fubmerge. O n a lc mal dans , le fang 6k dans les entrailles avarit ' qu'il eclatte par la fievrc. En s'aftbi- „ bliflant peu-a-peu , on fe met en un ,, danger evident de tomber avant qu'on tombe; 6k cc grand aftoibliffement eft , deja un commencement de chute. Si l'on nc connoit de maux aux hommes ", que ceux qu'ils fentent 6k qu'ils con- "feflcnt, on eft trop mauvais mede- " cin de leurs maladies. Dans les ames " c o m m e dans les corps, il y en a quon ne fent pas encore, parce qu'elies ne 99 font pas declarers; & d'autres quon ! fent plus, parce qu'elies ont tourne ' en habitude , ou bien qu'elies font ex- 9 tremes ck tienncnt deja quelque chole 9\ de la m o r t , oil l'on ne k m plus.... CONTRE IES CHANSONS. 57 „ Pouflez un peu plus avant ceux qui M vous dilent qu'ils ne fentent point le „ danger des fpe6tacles6k des mauvaifes fJ chanfons, lis vous en diront autant y} desnuditcs; 6k non-fculementde celles J?des tableaux, mais encore de celles „ des perfonnes lis ne fentent rien, ,, difent-ils ; & je les crois fur leur pa- „ role. lis n'ont garde, tout gates qu'ils „ font, d'appcrcevoir qu'ils fe gatent , „ ni de fentir le poids de l'eau, quand ,, ils en ont par-deflus la tetc : ck pour ,, parler auffi a ceux qui commencent ; )} on ne fent le cours d'une riviere que ,, que lorfqu'on s'y oppofe : fi on s'y „ laifle entraincr on nc fent rien , fi ce n n'eft pcut-etre un mouvement affez „ doux d'abord, ou vous etes porte fans „ peine , 6k vous nc fentez bien le mal ,, qu'il vous fait , que tot apres quand „ vous vous noyez. Wen croyons „ done pas les hommes fur leurs maux , ,, ni fur leurs dangers, que leur corrup- ,, tion , que l'erreur de leur imagination „ bleff'ee, que leur amour propre leur ,, cachent. . . . Ces ames invulnerables ,, (ii on lcs cn croit) qui peuvent paffer ,', des jours entiers a entendre des chants „ & des vers pafflonnes & tend res, fans # |