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Show 9 FRANCOI DESSINATEU CHAUVEAU E GRAVEUR EeenEssn O M M E Ceft une chofe tres-fatigante , & neanmoins ttes.ordi ARETCK N naire, de rencontrer des hommes qui avec un merite fort me 2l diocre ont une grande opinion d'eux-mefmes, il et aufli tres PR agreable & tr-e rare tout enfemble d'en trouver qui joignen dll beaucoup d'humilité avec bien du merite. Celuy dont je fais I'Eloge eftoit du nombre de ces derniers. Et il n'eft pas croyable combien ce deux bonnes qualitez {fe donnoient de relief'une aTautre. Petlonne n'a peut eftre jamais eu une imagination plus feconde pour troaver & difpofer des fujets de Tableaux ;'touty eftoit heureux pour la beatité du fpectacle , tout eftoit ingenieux pour la fatisfaction de I'efprit, & il entroit dans fes Deflein encore plus de Poéfie que de Peinture. Cela fe peut verifier dards le nombr prefque infini d'Ouvrages qu'il nous a laiflez , & particulierement dans le Eftampes qui reprefentent ce qui eft contenu dans les Livres ot elles font, I n'y en a point qui n'explique admirablement la penfée de I'Auteur , & qu fouvent ne l'enrichifle agreablement & judicieufement par de certaines circonftances Poétiques qu'ily ajolite. Non feulementil eftoit I'Inventeurde la plufpar des chofes qu'il gravoit ; mais quantité de Peintres s'adrefloient 3 luy fecretement pour entirer des defleinsde Tableaux, dont enfuiteils fe faifoient honneur Quand on luy propofoit quelque Ouvrage il prenoit une ardoife , fur laquell il deflinoit la penfée qu'on luy avoit propofée , en autant de facons differente qu'on le fouhaitoit, julqua ce que l'on fuft content , ou qu'il le fuft luy mefme : car on l'eftoit fouvent , qu'il ne l'eftoit pas encore Il commenga a graver au burin {ousla conduite de Laurent de la Hire, ha bile Peintre dont il gravoit les Ouvrages , & ou il prit une manicre fine agreable ; mais la vivacité de {fon imagination ne s'accommodant pas de l lenteur du burin, il {e mit a graver a leau forte , &a ne graver plus que fe pures penices;ce qui l a fait produire une infinité d'Ouvrages de toutes for tes de caracteres. Quelques-uns ont répondu qu'il manquoit quelque chofe la beauté de {es Defleins, faute d'avoir efté en Iralic , ou il auroit pris un cer tain gouft qu'ils difent qu'on ne trouve pas ailleurs. Mais cette penfée n'ef autre chofe qu'une pure prévention de Curieux, qui ne connoiflent guere qu les noms & le Pays des Peintres , & qui ne jugent que par i de la beauté d leurs Ouvrages. L'homme dont nous-parlons eneft une des plus grandes preu ves. Peu de gens ont pofled¢ plus que luy ce mefme gouft dont ils parlent, quiils croyent ne point voir en luy , parce qu'ils {cavent qu'il n'a pas efté Rome. 1l eft vray que fa gravure n'a pas la douceur ni Pagrément de plu{ieurs autres Graveurs, qui ont porté cette délicatefle jufquau dernier poin de perfection. Mais pour le feu , la force des expreflions , la varieté, & pou Pefprit qui s'y rencontre, je ne {¢ay s'il y aeu quelquiun qui l'ait {urpaflé dan cette partie. Peu de temps avant fa mort il commenca 2 graver |'Hiftoire d S. Bruno, peinte aux Chartreux par le Sueur. Il en a fait les Defleins , mais i |