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Show 5 ANTOIN MAISTR ROSSIGNO DE =@ N a toujours regard comm COMPTES un chofe admirable que le hommes ayent trouvé le moyen de fe communiquer leurs pen] {€es toutes {pirituelles qu'elles fone, par des caracteres corporels 4 & qui d'eux-mefmes n'ont aucune reflemblance avec les chofe 3 qu'ils fignifient ; mais {1 I'on a lieu de seftonner quun homm devine la penfée d''un autre par ces caracteres , lors méme quils {ont forme pour la donner a entendre ; combien eft-il plus furprenant qu'il ait l'induftri de la deviner, lorfque ces mémes caracteres ont efté faits pour la cacher& l derobera fa connoiffance. Cependant c'eft ce que fonc tous les jours ceux qu ont l'art de dechifrer; fecret {1 admirable qu'il n'y a que laccouftumance d le voir pratiquer qui empelche qu'on n'y croye du miracle. Entre ceux qui ont eu ce talent, perfonne ne I'a pofledé au point de perfection quion a remarqu dans celuy dont je parle [l ndquit dansla Ville d'Alby le premier jour de I'année 1600. & fes Parens les plus confiderables de cette Ville| eurent un trés grand foin de fon éducation. 1l s'appliqua fortement i l'eftude des Sciences les plus difficiles , & parti culicrement des Mathematiques , ou fon efprit vif & penetrant au-de-13 de c qu'on peut s'imaginer, luy fit découvrir en peu de temps ce qu'elles ont de plu caché & de plus curieux; il parvint parla connoiffance exacte de ces Sciences & principalement par la force de {fon genie a deviner toures fortes de chifres fans en avoir prefque trouvé un feul pendant toute fa vie qui luy ait efté impe- netrable. Ce futen l'année 16:6. & au Siege de Realmont Ville de Languedo alors en la puiffance des Huguenots , qu'il fit fon premier coup d'effay. Ell eftoit afliegce par 'armée du Roy que commandoit M. le Prince de Condé . clle faifoit une telle refiftance que ce Prince eftoit fur le point de leverle Siege lor{qu'on furpricune Lettre des Affiegez efcrite en chifre , ou les plus habiles e I'arcde déchifrer ne peurent rien comprendre; Elle fut donnée3 M. Roflignol qu la déchiffra furle champ , & dit que les Afliegez mandoient aux Huguenots d Montauban quils manquoient de poudre, & que s'il n'y eftoit pourvi inceffamment ilsfe rendroient aux Ennemis. Le Prince de Condé envoya aux Affiegez leur Lettre déchiffrée, ce qui les obligea de fe rendre dés le jour mefime La chofe ayant efté rapportée au Cardinal de Richelieu , il fir vinir 3 la Cou Monfieur Roflignol qui donna des preuves fi eftonnantes de fon habileté ,qu ce grand Cardinal malgré fon genie extraordinaire qui l'empefchoit d'admire bien des chofes , ne pouvoit neantmoins fe laffer d'en marquer de I'eftonne- ment. Il {ervit trés utilement pendant le Siege de la Rochelle , en découvran les {fecrets des Ennemis par leurs Lettres interceptées qu'il déchiffroit toutes fan prefque aucune peine. Ce grand Miniftre récompenfa fon merite de plufieur bienfaits, &le Roy Loiiis XIII. le recommanda en mourant 3 la Reine , comme un homme des plus neceflaires au bien de I'Eftat. Le' Roy qui connoift { parfaicement les talens des hommes I'a tousjours honoré d'une eftime trés-parti |