OCR Text |
Show GILLE E L v v dont je vais parler a efté, fans doute, un des plus excelS lens Grammairiens de fon temps. Cependant on luy a otiidire plu8 ENGE MENAG feurs fois , q#il avoit appris la Langue Latine jufqi'a Lentendre ¢ la parler facilement | [ans prefque ancun fecours des Regles de la Gram. maire. 1 {e contenta de {¢avoir décliner & conjuguer , & la le¢ture des Aureurs , avec laide des Traductions & des Dictionnaires luy donn E T une parfaite intelligence. De la il paffla a la Philofophie , enfuite il s'atracha I'eftude de la Jurifprudence. Son pere qui eftoit Advocat du Roy au Prefidia d'Angers, ayant impatience de le rendre capable d'exercer fa Charge, qu'il vouloit luy donner: la penetration de fon efprit , & la fidelité de fa memoire qu ne perdit jamais rien de ce quiil luy avoit confié , le rendirent en peu de temp tres-habile dans cette Science. Mais {a grande inclination a I'eftude des belles Lettres ne saccommodant pas avec les {oins & le travail penible que demande l'exercice des Charges de Judicature , il ne prit du Droit Romain qu ce quil a de curieux & d'agreable , dont il fic un Recueil qu'il donna au Public fous le Titre de Amanitates Juris. Dans cette {icuation il ne (Eut {e refoudr a exercer la Charge de fon pere , dont il luy renvoya les Provifions : Et parc .que cela les broiiilla enfemble, il difoit affez plaifamment q#'il eftoir mal ave fon pere, parce qu'il luy avoit rendu un man-vais office 11 aimoit avec paflion la Poéfie , &il y a excellé dans les Langues Grecque Latine, Frangoife , & Iralienne. C'eft ordinairement I'imagination qui faic le Poétes ; enluy ce fut la memoire , accompagnée d'un goult exquis pour les bon.nes chofes. Car {es Poéfies ne font prefque , ale bien prendre , qu'un tiffu d ce quil y a de meilleur dans rous les autres Poétes , mis en ccuvre ‘avec tou lart & toute la politefle imaginable. Elles ont efté imprimées plufieurs fois, elles ont totijours efté bien receués du Public. Sa grande érudition, & la beauté de fes Ouvrages , luy acquirent l'eftime & l'amiti¢ de rous les gens de Lettres , non feulement de la France , mais de toute I'Europe , ou il a efté prefqu partout ¢galement connu. La Reine de Suede luy a donné beaucoup de marques de foneftime ; & {ur ce qu'elle témoigna qu'elle {fouhaiteroit fort qu'il vin seftablir en Suede, il compofa une Eglogue admirable , ou fans {fortir de fo {ujet il fait entrer prelque par tout ce qui a jamais efté dic dans ce genre d Poélie. 11 tenoit chez luy une Affemblé de gens de Lettres , une fois toute les femaines. Sur la fin defa vie eftanta genoux a Noftre-Dame un Vendred Saint,il fe démit la- cuiffe en voulant fe relever , & depuis eftant a Viery il fi une chute quiluy démit'épaule; ce quile mic hors d'eftat de fortir de fa maifon, ou il tenoit tous les jours une efpece d'Academie qui eftoic un des plu agreables reduits qu'il y euft a Paris pour les Gens de Lettres. Tout ce qui f pafloit de nouveau , particulierement dans la Republi?ue des Lettres, y eftoi rapport¢; &a l'occafion de quelque nouveauré que ce fuft , Monfieur Ménag ne manquoit point de citer quelque chofe , {oit des Anciens , {oit des Moder nes {ur le mefme {ujet , qui y convenoit parfaitement. On ne {ortoit point d " ces Conferences, fans en remporter une infinité de chofes utiles , curieufes |