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This image, with no engraver's name, was published in La Nature, no 1380 (4 Nov 1899), as figure 3 (p. 360), to accompany Albert Tissandier's article "Le Mont Rainier et le Parc Washington aux États-Unis", with the caption "Mont Rainier. Vue de la terrasse du Grand-Hôtel de Tacoma. (D'après nature.)" http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?4KY28.53/364/100/532/0/0 Associated text (p. 358-360): "Les Espagnols connaissaient dès l'an 1790 toutes les parties qu'on parcourt actuellement dans le détroit de Puget (province de Washington, États-Unis) et ils avaient certainement pu remarquer l'immense montagne désignée depuis longtemps par les Indiens sous le nom de Tacoma. Vancouver, en 1792, fit de fréquentes explorations dans le détroit de Puget (Puget Sound) et en dressa la carte. Il nomma aussi les hautes cimes, qu'il pouvait apercevoir dans le lointain, les monts Baker et Hood, et débaptisait le Tacoma en lui donnant celui de Rainier en l'honneur des lords de l'Amirauté anglaise. Ces noms ont été adoptés par les Américains; il semblerait cependant plus naturel de conserver au moins celui de Tacoma, le nom primitif donné par les Indiens, mais on ne peut aller contre les décisions officielles et contre les cartes actuellement en usage aux États-Unis. La magnificence du mont Rainier et les beautés exceptionnelles de tous ses environs immédiats ont excité depuis quelques années aux États-Unis le désir de faire de cette région un parc national. Le gouvernement, bien inspiré, a pris cette décision dès l'année 1872 pour le territoire de Yellowstone dans la province de Wyoming et protège également la célèbre vallée de la Yosemite en Californie. En 1893, par une proclamation du président Cleveland, une étendue de territoire d'environ 35 milles carrés, renfermant le mont Rainier principalement dans sa partie ouest, et une grande étendue de forêt vierge, fut aménagée et classée comme réserve de l'État (fig. 1). La moitié de la réserve orientée du côté est, diffère de la partie ouest par son climat, sa faune, sa flore et l'aspect des paysages. Les pentes ouest de la montagne sont remplies de cascades plus escarpées que dans celles de l'est. Les précipices y sont fréquents surtout auprès du Rainier où les murailles rocheuses s'élèvent gigantesques. Au nord et au sud les pentes s'étendent plus graduellement et les forêts y sont fort épaisses. Les arbres, pins et cèdres, y abondent et souvent leur diamètre atteint les dimensions de 3 à 4 mètres. Leur hauteur s'élève quelquefois jusqu'à plus de 90 mètres. Nous avons parlé d'ailleurs de ces forêts de la province de Washington [voy. no 1116, du 20 octobre 1894, p. 327]. La faune et la flore de ces localités sont fort intéressantes; on y trouve quelques espèces d'animaux qui deviennent rares par suite des chasseurs qui les recherchent, et des plantes curieuses. Il est grand temps, pour éviter leur destruction totale, que le territoire soit protégé. Le Rainier n'est pas comme le mont Blanc le point culminant d'une chaîne immense toute chargée de neige. Il est majestueux dans son isolement comme le Fuji Yama du Japon, et s'élève au-dessus des monts qui l'environnent de près de 2500 mètres. Au loin, surtout de la ville nouvelle de Tacoma, on admire sa silhouette majestueuse semblable à une colossale pyramide tronquée se découpant dans le ciel à 4378 mètres au-dessus du niveau de la mer (fig. 3). Le mont Rainier est un volcan éteint. Cependant, en quelques endroits, du fond du cratère s'échappent encore de temps en temps des jets de vapeur sulfureuse par des crevasses recouvertes en partie par la neige. Ce volcan s'est formé à l'époque tertiaire; sa base se compose de roches granitiques et schisteuses; il y existe aussi des gisements de houille. La masse principale du volcan est composée d'andésite et de basalte qui furent lancés en fragments au moment des éruptions. En examinant le profil de la montagne et le caractère de son sommet on peut voir que, primitivement, le volcan formait un cône plus aigu qui devait s'élever à plus de 600 mètres de la hauteur actuelle. Le cône fut tronqué sans doute par suite d'une éruption formidable qui forma le cratère d'environ 3 milles de diamètre qu'on voit encore aujourd'hui. D'autres éruptions partielles vinrent remplir ce grand cratère en donnant naissance à deux cratères plus petits dont on peut voir les bords à peine visibles sous la neige. Entre ces deux cratères s'est formée une légère proéminence en forme de dôme qu'on nomme le Crater Peak; c'est le sommet actuel du volcan. Quant aux glaciers qui enveloppent le Rainier, et dont nous donnons une carte (fig. 2), on ne peut savoir s'ils ont été formés avant l'époque où le cône primitif de la montagne vint à s'écrouler ou bien après cet événement. Les torrents formés par la fonte des glaces soit sur les plateaux élevés, soit dans le bas de la montagne, ont creusé partout des gorges profondes. Les glaciers inférieurs, dans les intervalles laissés entre les glaciers supérieurs, ont produit des affaissements immenses sur les bords desquels s'élèvent actuellement des crêtes et des pics qui couvrent les pentes de la masse principale du volcan éteint." |