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This image, engraved by E. Tilly, was published in La Nature, no 1125 (22 Dec 1894), as figure 3 (p. 57), to accompany Albert Tissandier's article "Excursion dans la province de l'Alaska, États-Unis", with the caption "Poteaux en bois sculpté (Totems) d'un chef Tlingit et de sa femme, à Wrangel (Alaska). (Dessin d'après nature, par M. Albert Tissandier.)" http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?4KY28.44/61/100/532/0/0 Associated text (p. 55): "Wrangel, avec ses maisons de bois construites à l'extrémité de l'île du même nom, près de l'embouchure de la Stikine, est d'un joli aspect, mais son port est, paraît-il, moins important qu'autrefois. Il possède aujourd'hui environ 400 habitants, Indiens de la race des Koloschians, quelques-uns de la race des Haidas, et une centaine de colons américains. Les Russes avaient constaté, à l'époque où ils étaient maîtres de l'Alaska, que les onze tribus formées par les Koloschians, ou Tlingits comme on dit aujourd'hui, se composaient d'environ 25 000 à 50 000 membres. Ils habitaient les côtes et les îles du sud-est de la province. Depuis ce temps, les épidémies nombreuses et d'autres misères, ont décimé sensiblement cette malheureuse race. D'après le dernier recensement fait en 1890, il n'y aurait plus actuellement dans la province que 4457 Indiens Tlingits. Au contact des blancs, ces pauvres gens perdent de jour en jour de leur caractère, ils se civilisent, mais ils gardent encore cependant quelques-unes des idées superstitieuses et des coutumes de leurs ancêtres. L'usage le plus caractéristique des Tlingits est celui des Totems, qui jouaient autrefois un grand rôle dans les familles indiennes de l'Alaska. Ce sont des poteaux sculptés que l'on dressait devant les maisons comme le montre un de nos dessins (fig. 3). Il y en avait jadis un grand nombre dans tous les villages qui bordent la Stikine et dans Wrangel. Aujourd'hui quelques spécimens seuls subsistent; beaucoup, heureusement, sont conservés dans les musées de Washington ou dans ceux des provinces des États-Unis. Ces totems étaient considérés comme des signes héraldiques et chacun se faisait gloire d'en posséder devant sa maison. Pour les Tlingits, ces poteaux sculptés avaient l'importance des écussons que les anciennes familles d'Europe mettaient au-dessus de la porte de leur demeure. Les totems étaient gagnés par les hommes, généralement à l'époque de leur majorité, au moment où ils cherchaient à accomplir des hauts faits, pendant les cérémonies religieuses qui marquaient cette date importante de leur existence. Le Tlingit ne doit pas épouser une femme de sa tribu; il faut qu'il la choisisse dans un clan voisin et celle-ci apporte aussi le totem de sa famille qu'elle plantera devant sa nouvelle demeure, à côté de celui de son époux. Les sculptures taillées grossièrement dans ces poteaux de sapin représentent d'une façon conventionnelle des emblèmes connus. Le corbeau et la corneille appartiennent à la femme, ils expriment la génération. Le loup indique l'esprit malfaisant, l'ours et la baleine se voient aussi fréquemment dans ces signes héraldiques. Les deux totems de la figure 3 sont ceux d'un ancien chef et de sa femme. Celui du chef est surmonté de sa propre image coiffée d'un chapeau, insigne de haute noblesse. Le grand corbeau qu'on voit plus bas rappelle le totem de sa mère. Celui de la femme est surmonté de l'aigle, écusson du clan dont elle faisait partie. On remarque ensuite les figures d'un castor et d'un crapaud. Ce dernier emblème prouve qu'un membre de la famille a été un médecin distingué, célèbre par ses cures merveilleuses. La maison du chef représentée sur la gravure est moderne, construite à l'américaine." |