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Show Perte foit da boudin , & du boudin encore ! Plut à Dieu, maudite pécore, Qu'il te pendît au bout du nez ! La prière aufïïtôt du Ciel fut écoutée, Et l'Epou'e déconcertée, En voyant de fon nez l'horrible fupplémenc. Fanchon étoit jolie» elle avoit bonne grâce; Et pour ne point mentir, un pareil ornement. Figuroit mal en cette place. Je pourrois, dit Blaife à parc foi. Aptes un malheur fi funefte. Avec le fouhait qui m e refte, Tout d'un plein faut m e faire Roi. Rien n'égale , il eft vrai, la grandeur fouveraine 5 Mais encore fiut-il fonger Comment feroit faite la Reine , Et dans quelle douleur ce feroit la plonger De l'aller placer fur un Trône Avec un nez plus long qu'une aune. Confultons-Ia du moins , fçachons fon fentiment Et ne décidons rien que de fon agrément. La chofe bien examinée , Quoiqu'elle fcut d'un fceptre & la force & l'effet-, Et quelorfqu'01 eft couronnée O n a toujours le nez bien fait; C o m m e au defir de plaire il n'eft rien qui ne cède , Elle aima mieux garder fon bavoler Q u e d'être Reine & d'être laide. Ainfi le Bûcheron ne changea point d'état, N e devint point grand Potentat, D'écus ne remplit point fa bourfe ; Trop heureux d'employer le fouhait qui reftoir, ( Foible bonheur, pauvre reïïburce ! ) A remettre fa femme en l'état qu'elle étoit. Ainfi que Blaife , tous ks hommes Se plaignent de leur fort, & forment des fouhaits. Songeons plutôt, fongeons, imprudents que nous fommes, A bien ufer des dons que le Ciel nous a faits. |